Synthèse atelier : Transformations du marché du travail, emplois précaires et insertion

La discussion de l’atelier s’est essentiellement structurée autour des constats, intérêts et attentes des participant·es relatifs aux thématiques des transformations du marché du travail, des emplois précaires et de l’insertion.

Les contours de ces thématiques larges - identifiées par les co-animateur·rices en amont de l’atelier - ont été affinés par les participant·es au fil des échanges.

Animation : Clotilde Fischer, Roman Künzler et Christophe Delay

Constats, enjeux et attentes

Transformations du marché du travail

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Sur la thématique des transformations du marché du travail, différentes problématiques ont été évoquées telles que :

  • le phénomène d’ubérisation/plateformisation
  • la numérisation/digitalisation du travail et de l’économie
  • le développement de l’intelligence artificielle (IA)
  • le développement des formes atypiques de travail (contrat à durée déterminée, taux d’occupation faibles, travail sur appel, faux indépendants etc.).

Des intérêts à élaborer des connaissances ont émergé sur :

  • les effets de ces transformations sur l’emploi : disparition de certains métiers peu qualifiés au profit d’autres professions demandant un haut niveau qualification, exclusion des personnes peu qualifiées du marché du travail
  • les conditions de travail
  • l’organisation du travail : flux tendu, évaluation constante, mise en concurrence et atomisation des travailleurs, etc.
  • sur les relations entre les travailleur·euses : nouvelles formes de contrôle, compétition, destruction des liens de solidarité, isolement
  • sur la santé psychique et physique des travailleur·euses.

Insertion

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Les participant·es ont relevé le caractère intersectionnel des discriminations.

Les freins à l’insertion des jeunes, des femmes, des personnes peu qualifiées, des personnes issues de la migration ainsi que des seniors ont fait l’objet d’une préoccupation particulière dans le cadre des échanges.

  • Comment, dans la pratique du travail social, ne pas reproduire ou renforcer les inégalités en matière d’insertion en plaçant les usager·ères dans des emplois précaires ?
  • Faut-il réinsérer à tout prix ?
  • Comment valoriser le travail bénévole ?

A cet égard, des participant·es ont soulevé la nécessité de réformer l’aide sociale en lien avec l’insertion.

Les participant·es ont relevé le manque de connaissances disponibles sur les liens entre l’insertion et la santé des personnes précaires.

Ont été évoquées notamment la santé mentale de personnes réfugiées et admises provisoires, l’augmentation des burnout et décompensations chez les bénéficiaires AI et la difficulté d’insérer des personnes atteintes dans leur santé mentale.  Plus généralement, ont été abordés les effets du travail sur les corps (pénibilité physique et psychique) ainsi que les faibles connaissances à propos des impacts longitudinaux de la pandémie sur l’insertion des jeunes et autres publics.

Emplois précaires

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Plusieurs constats sont ressortis autour de la thématique des emplois précaires :

  • corrélation entre emplois précaires et surendettement,
  • dévalorisation et manque de reconnaissance (notamment salariale) et pénibilité des conditions de travail (taux partiel, horaires, salaires, etc.),
  • en particulier dans certains secteurs d’activités, notamment en lien avec le genre (travail et économie domestique ne nécessitant pas de diplômes, métiers du care, etc.).

La question du travail non rémunéré a également été abordée à propos du travail (reproductif) domestique gratuit essentiellement féminin ou pour certaines catégories usagères des politiques sociales (p.ex. les invalides).

Les participant·es ont également soulevé les effets (à long terme) des emplois précaires, que ce soit sur la précarisation des personnes, sur l’orientation et la formation (dévalorisation des formations professionnelles dans les secteurs à rémunération basse), sur l’insertion (sorties de formation, sorties de l’aide sociale).

Les participant·es ont relevé le caractère flou des définitions du travail précaire ou de travail qualifié. Des intérêts ont été formulés pour l’élaboration de connaissances sur les facteurs amenant à travailler dans un secteur précaire, les conséquences du surendettement sur les (jeunes) peu qualifiés, mais également sur les impacts du Covid sur les emplois précaires.

Résistances

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Au fil des échanges, la thématique des résistances est apparue comme un axe de réflexion.

Des participant·es ont exprimé un intérêt à documenter et analyser les pratiques et les prises de positions de personnes qui s’organisent pour questionner le travail et les politiques sociales, inventer de nouvelles formes de travail.

Pour que des progrès sociaux et institutionnels soient réalisés en la matière, les réflexions menées devraient inclure également les mouvements sociaux, les entreprises, les patrons et les personnes concernées.