Pour commencer, le thème de l’accessibilité a été replacé dans les développements récents des politiques sociales locales. Il y a une quinzaine d’années, celles-ci étaient très fortement orientées autour du souci de lutte contre les prestations indues et la traque de la fraude. Conformité et contrôle étaient des maîtres-mots. Puis, ce discours a progressivement cédé la place à celui de la simplification. L’objectif visé consistait à renforcer la cohérence du cadre légal et normatif de l’action sociale perçu comme sous-efficient.
Aujourd’hui, la focale s’est déplacée autour des enjeux d’accessibilité. Le présupposé est que les potentiel·le·s usager·e·s s’adressent trop tardivement aux services sociaux qu’il s’agit de rendre plus accessibles afin de pouvoir agir en amont et éviter des phénomènes de précarisation.
La mise en perspective de ces trois phases des politiques sociales invite à questionner deux facettes de l’accessibilité : d’une part la définition des objectifs à atteindre et leur adéquation en regard des ressources et stratégies déployées. En d’autres termes comment renforcer concrètement l’accessibilité des prestations sociales et avec quels moyens ? D’autre part, il s’agit également de prêter attention à la portée de l’intérêt actuel pour les questions d’accessibilité en se demandant s’il s’agit d’une tendance, d’un effet de « mode » ou si celui-ci se traduit en un véritable changement de paradigme, à même de transformer les pratiques.
Dans un deuxième temps, plusieurs constats de terrain ont été rappelés, soulignant la prégnance du phénomène du non-recours en Suisse et dans le contexte vaudois, ainsi que les besoins en termes d’accès à l’information. La manière de répondre à ces besoins apparaît comme un défi d’autant plus important qu’on observe la multiplication de prestations ciblées et spécialisées parallèlement à la diminution de services de type généraliste.
L’exemple du CSP Vaud offre une illustration très parlante : dans 81% des situations suivies, les professionnel·le·s ont dû proposer aux personnes de solliciter des prestations auxquelles elles avaient droit mais qu’elles n’avaient pas activées, tout en les accompagnant dans ces démarches.
Les demandes de prestations peuvent en effet s’avérer particulièrement complexes et requièrent le plus souvent de réunir de nombreux documents ainsi qu’une certaine connaissance de l’administration. À ce titre, le phénomène du non-recours contribue à invisibiliser des situations de précarité que la pandémie de COVID-19 a partiellement révélées.
Depuis le printemps 2020, le cas des personnes issues de la migration qui préfèrent recourir à des aides alimentaires plutôt qu’aux prestations et services sociaux disponibles de peur de perdre leur permis de séjour en témoigne.