Les échanges ont permis de mettre en exergue le fait que les précarités en santé concernent des populations diverses et se situent à l’intersection de multiples problématiques, par exemple les personnes âgées et la précarisation numérique, les jeunes avec des problèmes de santé mentale n’accédant pas aux droits sociaux, le manque d’accès aux structures de soins des personnes sans statut de séjour légal, etc. Cette intersectionnalité se répercute à différents niveaux du système de santé : l’information, l’orientation, la prévention, la prise en charge, l’accès et le recours au système de soins et les comportements de santé.
En outre, le système de soins en Suisse, basé sur la LAMal, est rigide et complexe à appréhender. Ces caractéristiques créent ainsi non seulement des inégalités dans l’accès et le recours aux soins des personnes concernées mais peuvent également contraindre la marge de manœuvre des professionnel·les dans les réponses déployées.
Il existe d’ailleurs un cloisonnement important entre les domaines de la santé et du social dans la détection des problématiques, la prise en charge et les réponses apportées par les professionnel·les aux situations individuelles de précarités socio-sanitaires. Cette sectorialisation participe ainsi à renforcer la complexité du système et, de fait, la non-atteinte et/ou le non-recours de certains publics. Le travail d’associations mais aussi des formes de bénévolat servent alors à combler certaines failles du système tout en conduisant à produire, elles aussi, des formes de précarités (santé mentale et précarisation des proches-aidant·es, par exemple).
Enfin, les participant·es ont relevé que les fortes injonctions individuelles entourant le discours sur les questions de santé (comme les questions de santé mentale, par exemple) participaient à stigmatiser les personnes concernées par des problèmes de santé et, de fait, à invisibiliser certaines d’entre elles.
Sur la base de ces constats, les participants ont souligné la nécessité de développer davantage une approche holistique de la santé afin de lutter plus efficacement contre les inégalités d’accès aux soins, les précarités en santé et de donner de meilleurs outils aux professionnel·les pour répondre de manière globale et adaptée à la diversité des situations rencontrées. Cette approche devrait en outre s’accompagner d’une prise de conscience globale des enjeux collectifs de la santé et faire l’objet d’un relais politique afin de développer une prise en charge collective des enjeux de santé.