Quand la personne âgée atteinte de démence est un être capable

Adossé aux théories sociales contemporaines, les théories du care notamment, cet article esquisse une sociologie du soin dont le terrain est constitué par une ethnographie menée dans 5 institutions de long séjour qui accueillent des personnes âgées atteintes de démence. Mues par l’idéal d’autonomie, ces institutions ont adopté une méthode d’intervention en psychogériatrie, la « Méthode Montessori adaptée », qui promeut une nouvelle « forme de coordination » dans la relation de soin. Cette forme, le « faire avec », présuppose que l’aidant et l’aidé sont des sujets actifs de la relation, qui se symétrise tandis que les deux partenaires en coprésence interagissent avec une intensité plus ou moins égale. Le « faire avec » coexiste avec trois autres formes du « prendre soin », au sein desquelles l’agir de l’aidant et l’agir de l’aidé divergent en intensité : le faire sans », le « faire faire » et le « faire pour ». Resituer le « faire avec » au sein de ces autres formes du « prendre soin » nous donnera l’occasion de recomposer le territoire moral dans lequel il se tient et de considérer la relation d’aide selon les degrés de l’autonomie qu’elle distribue et aménage.

Based on contemporary social theories, including the theories of care, this article sketches a sociology of care, the terrain of which is constituted by an ethnography conducted in five long-term care institutions that host elderly people suffering from dementia. Driven by the ideal of autonomy, these institutions have adopted a psychogeriatric intervention method based on the Montessori method of education that promotes a new « form of coordination » in the care relationship. This form, « doing with », presupposes that the caregiver and the cared-for are active subjects of the relationship, which becomes symmetrical while the two partners in co-presence interact with more or less equal intensity. « Doing with » coexists with three other forms of « taking care », in which the acting of the caregiver and the acting of the person being cared for differ in intensity : « doing without », « making do » and « doing for ». Locating the « doing with » within these other forms of « taking care » will give us the opportunity to recompose the moral territory in which it stands and to consider the care relationship according to the degrees of autonomy it distributes and arranges.

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Références

Malbois, F., Jetzer, A. & Lambelet, A. (2021). Quand la personne âgée atteinte de démence est un être capable. Terrains/Théories [En ligne]. http://journals.openedition.org/teth/3639.