Le thérapeute et le diplomate

La recherche menée par C. de Jonckheere, C. Chalverat, L. Rufini et A. Elghezouani s’intéresse à savoir comment sont modélisées les pratiques de soins aux migrant-e-s telles qu’elles ont été mises en places et telles qu’elles sont effectivement actives au sein de la consultation pour migrant-e-s de l’association Appartenances à Lausanne. Pour ce faire, seize séances de thérapie guidées par quatre couples thérapeute-interprète rencontrant à deux reprises deux patient-e-s différent-e-s ont été filmées, ainsi que des séances « ethnothérapeutiques » réunissant un-e patient-e ou une famille et un groupe de six à dix thérapeutes de cultures différentes. L’intérêt des pratiques développées à Appartenances réside dans leur particularité à prendre en compte la dimension culturelle des individu-e-s et la diversité des significations que les troubles ou souffrances ont dans les diverses cultures dont ils sont issu-e-s. En effet, les entretiens thérapeutiques sont menés par un-e thérapeute, secondé-e dans sa tâche par un-e interprète communautaire, ce qui permet une meilleure compréhension de la culture d’origine de la personne migrante et des significations qu’il donne à ce qui lui arrive. Pour modéliser les pratiques développées à Appartenances, il s’agit non seulement d’identifier les théories servant à définir ou à construire ce que sont les troubles des migrant-e-s, mais aussi de décrire les actions concrètes effectuées par les intervenant-e-s auprès des migrant-e-s. Le constat montre alors un décalage entre les théories de l’activité, les actions prescrites et les actions réalisées par les intervenant-e-s. Ce décalage n’est d’ailleurs pas compris comme un échec mais bel et bien comme l’expression de leur créativité permettant justement aux professionnel-le-s de réaliser au mieux leur tâche. Cette créativité n’étant pas prévisible, elle ne peut être modélisable. En revanche, des ressemblances peuvent être observées dans les modes de pensée et d’action des professionnel-le-s, il est donc possible de parler de modèle. La recherche explore ainsi les pratiques de soins aux migrant-e-s développées à Appartenances pour savoir si celles-ci sont modélisables, tout en s’arrêtant sur le sens des activités proposées qui permettent l’existence d’espaces intermédiaires entre communautés migrantes et société d’accueil.

Résumé : Anne-Line Schminke

Auteur·e·s
de Jonckheere Claude
Elghezouani Abdelhak
Ruffini Loïse
Références

De Jonckheere, C., Chalverat, C., Rufini Steck, L.,& Elghezouani, A. (2011). Le thérapeute et le diplomate. Genève : éditions ies.