Evénement

Mobilisation sur les questions d’égalité avec la création d’un réseau professionnel dans le domaine du travail social


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Marcia Tapia est animatrice socioculturelle au Service de la Cohésion sociale, Enfance et Jeunesse (SCS) de l’administration communale de Chavannes-près-Renens. La question de l’inclusion dans l’accueil et l’accompagnement des jeunes est centrale à la pratique quotidienne de son travail. De nombreuses expériences sur le terrain démontrent qu’une forme d’inégalité persiste, notamment dans la participation des filles aux activités extérieures. Elle contribuera à la rencontre « Égalité de genre et inclusion dans l’accueil des jeunes : une démarche professionnelle et collective » qui aura lieu le mardi 7 septembre de 14h à 17h. Rencontre.

Quel est votre retour du terrain par rapport à la participation des filles dans les différentes structures et activités mises en place par la commune de Chavannes-près-Renens ?

De par mon métier, je suis en contact avec des jeunes de 11 à 25 ans à travers les différentes prestations offertes par la commune, que ce soit dans un cadre scolaire, à travers notre programme d’activités ouvert à toutes et à tous ou encore la mise en place de projets participatifs ciblés par quartiers (Cause Commune). Je remarque que la question du genre peut influencer la participation à l’entrée de l’adolescence, alors que les enfants ne semblent pas s’inscrire dans une telle dynamique, notamment lorsque l’on observe la mixité dans les différents groupes. Par exemple, lors de la mise en place de projets participatifs dans les quartiers, la participation des garçons en termes de nombre de participant·e·s est plus élevée que celle des filles, alors même que les filles sont fortement impliquées dans la phase initiale de discussions pour identifier les besoins des quartiers. Au moment de la mise en œuvre, les garçons restent majoritaires. Mon travail est aussi de les sensibiliser à ces réalités et essayer de comprendre avec eux ce phénomène. Est-ce que les filles ne se sentent pas assez légitimes à prendre leur place ? Est-ce que les groupes formés permettent la participation des filles ? La dynamique de quartier influence aussi fortement l’appropriation par les filles de l’espace public.

L’administration est-elle sensible à la question de genre, et y a -t-il des stratégies mises en place pour favoriser l’égalité ?

Un travail est fait dans ce sens là et qui est représentatif de la mixité et multiculturalité de nos conseillères et conseillers communaux et municipaux. En parallèle à ma fonction d’animatrice socioculturelle, je suis également référente autour des questions du genre de manière transversale. Une volonté est là, oui, mais une stratégie écrite, avec un guide de bonne conduite n’ont pas été formalisés, jusque-là. Cela dit, en tant que professionnel·le·s dans le domaine du travail social, mes collègues et moi sommes de facto sensibilisé·e·s à ces questions, ce qui nous permet un recul nécessaire sur le terrain pour identifier des mécanismes favorisant ces inégalités. De plus, il y a suffisamment de confiance entre les équipes de terrain et notre hiérarchie, pour que nous ayons la possibilité d’incarner des valeurs d’égalité auprès des bénéficiaires de nos actions. Le dialogue avec les jeunes reste notre premier outil. Et bien sûr, notre exemplarité au sein du Service permet de refléter nos valeurs sur le terrain, notamment en étant très sensible à notre manière de communiquer vers l’extérieur.

Qu’attendez-vous de la rencontre proposée le 7 septembre? En quoi la création d’un réseau professionnel vous paraît pertinente ?

Je me réjouis de pouvoir échanger sur les stratégies mises en place par d’autres terrains. Un réseautage sur les pratiques est fondamental pour pouvoir établir des constats et partager des préoccupations. Sur mon terrain, l’approche privilégiée est très centrée sur l’individu, le dialogue et l’autodétermination des jeunes - filles ou garçons. Nous n’avons, par exemple, encore jamais expérimenté des projets d’envergure labellisés « genre ». J’espère pouvoir en apprendre davantage sur cet autre type d’approche. Et comme mentionné précédemment, je trouverais très intéressant de pouvoir mettre en commun nos connaissances afin d’élaborer un guide de bonnes pratiques et bénéficier d’une méthodologie éprouvée sur les terrains. La formalisation d’une méthodologie pourrait également être utile dans une volonté d’inclusion qui ne se limite pas à la question du genre.