Communiqué

Les métiers du social : aimés mais encore peu reconnus


Publié le

Afin de mieux connaître le parcours professionnel de ses diplômé·e·s, la HETSL a mandaté la HETS-FR pour réaliser une enquête sur leur devenir. Les résultats permettent de comprendre les réalités professionnelles et les besoins des travailleuses sociales et travailleurs sociaux dans un contexte marqué par une pénurie de personnel qualifié. Fait réjouissant, les tendances montrent un réel attachement à des métiers qui donnent du sens et continuent de prouver leur utilité sociale. Les diplômé·e·s de la HETSL bénéficient ainsi d’une situation favorable sur le marché du travail et apprécient beaucoup leur emploi. L'enquête sur les parcours des Alumni HETSL met toutefois en évidence des conditions de travail jugées difficiles, des salaires peu attractifs et un manque de reconnaissance sociale.

Afin de mieux connaître le parcours professionnel de ses Alumni, la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL) a mandaté la Haute école de travail social Fribourg (HETS-FR) pour réaliser une enquête auprès des dix dernières volées de ses diplômé·e·s. Dans un contexte de vieillissement de la population, de montée des précarités et des multiples crises que nous vivons, l’apport absolument essentiel pour la vie en société des métiers du social apparaît d’autant plus quand ils viennent à manquer.

« Globalement, les résultats de l’enquête montrent une grande fidélité des professionnel·le·s du social à leurs métiers. »

Globalement, les résultats de l’enquête montrent une grande fidélité des professionnel·le·s du social à leurs métiers. Les diplômé·e·s de la HETSL bénéficient d’une situation favorable sur le marché du travail et sont globalement satisfait·e·s de leur emploi, notamment au niveau de l’autonomie, des relations avec les bénéficiaires et les collègues et de la sécurité de l’emploi. Mais l’enquête fait aussi apparaître une forte insatisfaction concernant les conditions de travail (salaire, reconnaissance sociale, possibilité de promotion). Trois constats peuvent être tirés :

Premièrement, les conditions de travail sont une source majeure d’insatisfaction avec, en tête, le salaire, suivi par le manque de reconnaissance sociale et de possibilités de promotion professionnelle. Parmi les raisons qui poussent les diplômé·e·s à changer d’emploi, on identifie là aussi, après la fin d’un CDD, les conditions de travail (ambiance du travail, tâches, salaire et horaires). À noter qu’une part importante de professionnel·le·s qui travaillent à temps partiel indique ne pas travailler à 100% parce que le travail est trop usant.

« Près de 40 % des professionnel·le·s entament leur premier emploi sur leur lieu de stage occupé durant les études. »

Deuxièmement, malgré l’insatisfaction due aux conditions de travail, seule une petite minorité des personnes questionnées ont quitté le secteur social. Mais il paraît préoccupant que plus de la moitié des personnes songent à se réorienter professionnellement, laissant entrevoir un déplacement de personnel de certains milieux de pratique vers d’autres. Dans ce cadre, les réponses concernant la formation continue doivent retenir notre attention : un nombre élevé de diplômé·e·s a entrepris des formations courtes ou longues, principalement en lien avec des motivations intrinsèques, pour acquérir des nouvelles compétences et s’épanouir personnellement ou, plus généralement, pour « tenir le coup ».

Troisièmement, l’enquête montre aussi l’importance de la formation pratique pour la trajectoire professionnelle des diplômé·e·s. Près de 40 % des professionnel·le·s entament leur premier emploi sur leur lieu de stage occupé durant les études. S’il fallait un argument supplémentaire pour soutenir les institutions qui offrent des places de formation pratique, le voilà : Non seulement elles contribuent de manière décisive à la formation des futures travailleuses et travailleurs sociaux, mais elles peuvent aussi espérer en retour de recruter plus facilement le personnel recherché.

« 53% des institutions ayant répondu à l’enquête affirment connaître des problèmes de pénurie ; 16% d’entre elles connaîtraient même une « pénurie sévère. »

Ces constats ont pu être partagés lors des Assises du social qui se sont tenues le 24 novembre dernier dans le Canton de Vaud. Elles se sont déroulées dans les locaux de la HETSL en présence de 240 actrices et acteurs du social et d’une délégation du Conseil d’État. Une feuille de route a été dressée à l’issue de la journée, avec des propositions de mesures pour revaloriser les métiers du social et lutter contre la pénurie. Au chapitre de la formation, les Assises ont proposé d’augmenter le nombre de personnes formées aux métiers du social et de renforcer la formation continue.

Une récente enquête mandatée par les quatre hautes écoles de Suisse romande avait permis d’objectiver le constat de pénurie de personnel qualifié dans le domaine social, en se basant sur les déclarations des institutions sociales romandes qui engagent des diplômés HES : « 53% des institutions ayant répondu à l’enquête affirment connaître des problèmes de pénurie; 16% d’entre elles connaîtraient même une «pénurie sévère ». Pour faire face à cette situation, les hautes écoles prévoient d’augmenter le nombre de diplômés d’environ 200 d’ici à 2028. Le fort intérêt de jeunes pour ces métiers (500 candidat·e·s sont refusé·e·s chaque année en régulation) permet d’affirmer qu’une telle augmentation rencontrera son public. La nouvelle enquête réalisée par la HETS-FR (PDF) permet quant à elle d’avancer l’hypothèse que les nouvelles et nouveaux diplômé·e·s resteront attaché·e·s à leur métier – pour autant que les conditions de travail soient valorisées à hauteur de ce que ces métiers apportent à la société.
 

Renseignements
 

  • Alessandro Pelizzari
    Directeur de la HETSL, +41 (0)21 651 03 79
     
  • Alida Gulfi, Professeure HES ordinaire et Riccardo Milani, Collaborateur scientifique, responsables de la recherche à la HETS-FR, diplomes-hetsl@hefr.ch