Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez choisi le thème « En deuil, c'est ok que... » pour votre poster et quelles ont été vos motivations derrière ce choix ?
Emma Herzog : Le thème de la mort n’est pas forcément abordé durant le cursus Bachelor et, en tant que futures professionnelles du travail social, nous voulions explorer cette thématique, encore taboue aujourd’hui, pour pouvoir être en mesure d’accompagner le processus de deuil qui pourrait concerner à la fois les bénéficiaires du travail social, mais aussi nos collègues et encore notre propre gestion du deuil. Tout le monde est confronté à la mort, y compris les publics du travail social.
Danila Mendolia : À travers les éléments théoriques apportés en cours, l’évolution de la perception de la mort, les différentes pratiques funéraires ou encore les ritualisations de la mort, nous nous sommes rendues compte que des préjugés et croyances entourant le deuil dans la société contemporaine persistent, comme la durée d’un deuil ou encore sa gestion. Le titre de notre poster a été inspiré par l'influence positive de comptes Instagram abordant d'autres sujets tabous, et nous souhaitons rendre accessible les différents vécus de deuil via notre poster qui propose le hashtag #MonDeuilMaRéalité pour favoriser un dialogue ouvert sur le deuil.
« Le titre de notre poster a été inspiré par l'influence positive de comptes Instagram abordant d'autres sujets tabous. »
Quels sont vos objectifs principaux en élaborant ce poster sur le deuil, et comment espérez-vous qu'il contribuera à la compréhension et au soutien des personnes en deuil?
Danila : L’objectif est de déconstruire les croyances limitantes et négatives, ainsi que les idées prônées par la société sur la durée d’un deuil et sur ce qu’il faut faire ou non. Encore aujourd’hui, on parle de deuil pathologique pour les personnes endeuillées qui n’arrivent pas à surmonter leur tristesse dans un temps imparti. Nous souhaitons promouvoir la légitimité des différentes réactions face à un deuil et valoriser les émotions, les pratiques, rituels et besoins qu’une personne endeuillée peut exprimer et qui pourraient être perçus négativement. Il n’y a pas de temps indiqué pour vivre un deuil.
Emma : Notre vision va au-delà de la simple création d'un projet académique. Nous considérons ce poster comme un outil potentiel pour les futur·e·s éducatrices et éducateurs sociaux, susceptible de stimuler des discussions ouvertes et réfléchies autour du deuil dans divers contextes professionnels. Nous avons par exemple travaillé dans un foyer pour enfants où le deuil était très présent, et avec le recul, les nuages de mots pour exprimer le deuil pourraient être un point de départ à la discussion.
« L’objectif est de déconstruire les croyances limitantes et négatives, ainsi que les idées prônées par la société sur la durée d’un deuil et sur ce qu’il faut faire ou non. »
Quelle a été votre méthodologie pour construire ces nuages de mots ?
Danila : Nous nous sommes appuyées sur les connaissances et les théories acquises en cours, notamment les témoignages apportés par les différent·e·s intervenant·e·s du module libre. Des exemples concrets tirés d'expériences personnelles et de témoignages nous ont permis de créer des "nuages de mots" représentant diverses émotions et pensées liées au deuil. Nous avons identifié les principaux tabous de la société en ce qui concerne le deuil et la mort, puis nous avons sélectionné les points clés à déconstruire. Tout en restant fidèles à la rigueur académique, nous avons cherché à rendre notre poster visuellement attrayant et facilement compréhensible.
Emma : Notre choix de nuages souligne la subjectivité du processus de deuil et l'importance de reconnaître et de valider les émotions de chacun·e, quels que soient les liens affectifs avec la personne décédée.