Domaines d'expertise

Les membres de notre réseau travaillent en particulier sur les enjeux associés : à la vieillesse et aux vieillissements ; aux politiques sociales en lien avec les publics concernés ; au travail des professionnel·le·s à leur égard ; aux relations entre les générations ; à l'accompagnement en fin de vie ; à la mort et au deuil. Ci-après, une description plus détaillée des différents domaines de compétences spécifiques de nos membres :

L’animation en institutions gérontologiques et psychogériatriques connaît depuis quelques années de nombreuses évolutions, du fait de la transformation des publics, mais également de l’émergence de nouveaux discours et pratiques en lien avec l’accompagnement social en institution.

La succession des générations et les changements sociaux qui ont eu lieu ces dernières décennies transforment pour une part les attentes des publics actuels et futurs quant à leur vie en institution ; l’accroissement du nombre de personnes souffrant de troubles cognitifs transforment le rôle et le travail des professionnel·le·s en institution.

Enfin l’émergence de nouvelles formations questionne les frontières professionnelles et l’interprofessionnalité nécessaire dans l’accompagnement des résident·e·s.

Il s’agit alors d’explorer les tenants et les aboutissants de ces transformations sociales et professionnelles, d’en documenter l’impact et les conséquences sur les bénéficiaires et leurs proches, et sur la place du travail social et des travailleurs sociaux dans ces institutions.

Il s’agit plus largement d’interroger les frontières du travail social, son rôle, mais aussi les formes d’accompagnement les mieux à même de maintenir les résident·e·s dans une autonomie et dans une participation sociale.

La participation sociale et l’engagement citoyen des personnes âgées semblent toujours plus appelés de leurs vœux tant par des personnes âgées elles-mêmes que par certain·e·s professionnel·le·s et les autorités.

De la part des retraité·e·s, cette participation sociale semble répondre à un souhait de demeurer actif, mais également d’être pleinement parties prenantes de la société.

De la part des professionnel·le·s et des autorités, elle semble participer d’un nouveau leitmotiv, celui du « successfull aging » qui voit dans la participation sociale un élément central de la qualité de vie de ces personnes.

Réfléchir à la participation sociale des personnes âgées, c’est donc :

  • Réfléchir aux rôles et aux places accordées à ces personnes dans la société, aux attentes qui sont formulées à leur égard autant qu’aux attentes qu’elles (ou que certaines d’entre elles) peuvent formuler ;
  • Questionner le contrat entre générations tel qu’il a été mis en place à travers les assurances sociales et tel qu’il évolue en lien avec les transformations de l’Etat social ;
  • Questionner les conceptions même de citoyenneté et de participation – ces notions pouvant inclure des acceptions forts différentes – quand elles sont pensées en lien avec les personnes âgées ;
  • Questionner l’homogénéité supposée de ce public au regard de la participation, et les facteurs sociaux à même d’expliquer les engagements différenciés et les formes de participation des personnes âgées dans la vie sociale ;
  • Comme professionnel·le·s, c’est questionner les outils à même de favoriser une participation de ce public.

Depuis quelques décennies, un ensemble de transformations ont mis à l'épreuve, sinon boulversé, les comportements face à la mort et leurs représentations. Ceux-ci sont désormais conditionnés par l'émergence d'une temportalité qui a commencé à être définie pour elle-même dès le milieu du vingtième siècle : la "fin de vie".

Les individus prennent progressivement acte de cette nouvelle temporalité souvent incertaine durant laquelle anticipations et prises de décisions sont déterminantes.

Le profil des défunt·e·s a par ailleurs changé. D'un côté, la mortalité infantile continue de chuter, de l'autre, la proportion de personnes âgées dans la population, liée à l'allongement de l'espérance de vie, continue de croître. Dans la plupart des pays, il est attendu que le nombre de décès, surtout ceux d'individus très âgés, augmente considérablement dans les prochaines décennies.

Démographiquement, la "fin de vie" devient donc une question de santé publique, cela d'autant plus que les décès surviennent en grande majorité dans les structures socio-hospitalières et non plus au domicile. 

De ce fait, la prise en charge du mourir et de la mort s'est professionnalisée, institutionnalisée, voire médicalisée. De nouvelles formes d'encadrement et d'anticipation sont ainsi apparues pour accompagner les situations de fin de vie (planification du projet thérapeutique et directives anticipées par exemple).

Sur la base de ces constats, le réseau AVIF propose d'explorer les tenants et les aboutissants de ces transformations sociales et professionnelles, d'en apprécier l'impact et les conséquences sur différents types de populations et de proposer des réflexions et des idées fondées sur des matériaux empiriques et utiles aux professionnel·le·s du champ large du travail social d'une part, et à toute personne interpellée par ces questions d'autre part.

Tout comme la prise en charge du mourir et de la mort, l'accompagnement du deuil se professionnalise, voire se médicalise également. Transversales à l'ensemble des publics et des lieux d'intervention du travail social, les réflexions sur le deuil se (re)développent dans les sciences humaines et sociales de manière plus soutenue depuis une trentaine d'années.

De manière générale, ces réflexions se sont davantage d'abord portées sur les activités sociales du deuil en tenant compte de l'individualisation de plus en plus croissante des rites et des vécus. Elles ont relativisé la portée de la thèse du déni de la mort tout en focalisant sur l'importance de reconsidérer la dimension collective du deuil et des pratiques y relatives.

Ces axes de recherche sont étudiés par le réseau AVIF, que ce soit en termes de sociabilités au sein des familles, du deuil en milieu professionnel ou des dispositifs institutionnels et associatifs d'accompagnement des personnes en deuil. 

La question du lieu de vie dans la grande vieillesse, en particulier lorsque l’avancée en âge est marquée par des difficultés sociales, économiques ou de santé, représente aujourd’hui un enjeu central des politiques vieillesse.

Entre le domicile privé et l’institution d’hébergement et de soins de longue durée, de nouveaux modèles d’habitat alternatif (appartements protégés ou adaptés, colocations, résidences, logements avec services, habitat groupé, coopératif ou intergénérationnel, etc.) font leur apparition. Ce développement s’inscrit dans la volonté politique de retarder l’entrée en EMS et de trouver des solutions alternatives ou intermédiaires à l’institutionnalisation. Paradoxalement, alors que ces modèles ont le vent en poupe et que l’engouement pour de nouveaux types de logements se traduit par la construction de projets d’envergure, peu de données sont actuellement disponibles sur cette nouvelle réalité.

L’information, tant sur la mobilité résidentielle des personnes vieillissantes, que sur les profils et les motivations des habitant-e-s de ces (nouvelles) formes de logement est lacunaire.

Le réseau AVIF s’intéresse à la manière dont sont définis ces différents espaces de vie ; aux raisons qui motivent les personnes à s’y installer ; à la place qu’y occupent les locataires ou usagers et usagères.

Il s’intéresse encore au rôle des professionnel·le·s de la santé et du travail social qui y interviennent. Si les aspects matériels et techniques, ainsi que l’aménagement des lieux de manière adaptée en terme d’accessibilité sont importants, il s’agit de s’intéresser aux aspects relationnels, sociaux et sanitaires permettant un accompagnement adéquat dans la vieillesse, ainsi qu’à la façon dont ces lieux s’inscrivent dans une nouvelle forme du vivre ensemble.

L’idéal de vie au domicile privé jusque dans la grande vieillesse, y compris en situation de fragilité voire de perte d’autonomie, trouve aujourd’hui un large consensus, tant auprès des personnes vieillissantes que des professionnels et des décideurs politiques.

Historiquement les prestations d’aide et de soins à domicile relèvent de la sphère domestique d’une part et d’organisations associatives et sociales d’autre part. Ces organisations ont progressivement été institutionnalisées et intégrées aux programmes de l’Etat social. On assiste ainsi depuis une trentaine d’années à un développement croissant des services d’aide et de soins. Malgré ce développement, la famille et les proches constituent toujours la colonne vertébrale du maintien à domicile. Dans un contexte de vieillissement démographique et de mutations des modes de vie fragilisant le rôle joué par la famille, ce virage ambulatoire de la prise en charge de la « vieillesse dépendante » s’accompagne d’une deuxième tendance, soit l’introduction par les politiques publiques de principes marchands dans les dispositifs de prise en charge des personnes âgées à domicile. L’intégration de ces principes favorise l’émergence des prestataires privés et conduit à remplacer les prestations en nature fournies et subventionnées jusque là par les autorités publiques par l’attribution d’allocations diverses.

Outre la famille, le domaine de l’aide et des soins à domicile est ainsi investi par une grande diversité de prestataires professionnels qui peuvent être des organismes publics, privés sans but lucratif ou encore privés à but lucratif.

Dès lors, il s’agit de réfléchir aux conditions du maintien à domicile et à ses conséquences, tant pour les personnes âgées elles-mêmes que pour leurs proches et les professionnel·le·s.

Il convient par ailleurs de questionner la posture des personnes concernées vis-à-vis des prestataires (bénéficiaires, clientes ou « citoyennes consommatrices »), ainsi que la place et le rôle de l’Etat dans le développement et l’élargissement de la palette de prestataires, tout comme les modalités de régulation face à ce nouveau marché, permettant (ou non) de garantir l’accessibilité aux prestations.

Face au vieillissement de la population et à la chronicisation des maladies, résultant notamment des innovations médicales et techniques, la demande en soin va croissante.

De plus en plus d’individus – par devoir moral, volonté personnelle ou nécessité financière – sont amenés à prodiguer aide et accompagnement sur de longues périodes à des personnes âgées, dépendantes ou gravement malades.

Les femmes ont longtemps été assignées à ces tâches d’accompagnement. Elles continuent à l’être mais les changements socio-démographiques survenus au cours du vingtième siècle ont changé la donne : les femmes participent désormais très activement au marché du travail et les secteurs économiques ne sauraient se passer de cette importante main-d’œuvre.

De plus, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les secteurs de la santé, couplée à la volonté de maîtriser les coûts dans ce domaine, a progressivement fait du domicile un lieu de prise en charge complémentaire à l’hôpital.

Ces éléments font que le rôle des proches est fortement mis en lumière et sollicité. Paradoxalement, leur rôle, pour évidente que soit leur intervention, ne fait l’objet d’aucune définition communément admise.

Le réseau AVIF s’intéresse à la façon dont la catégorie de ‘proches aidant·e·s’ est définie et à la façon dont cette catégorie opère comme enjeu de santé publique ; il observe aussi comment cette catégorie influence les politiques d’articulation entre aide formelle et aide informelle. Le réseau vise par ailleurs à mieux comprendre le périmètre d’action des proches au quotidien et la manière dont leurs activités se combine avec celles des professionnel·le·s de la santé et du social.

La « question des générations » est omniprésente depuis une quinzaine d’années, tant dans les milieux spécialisés que dans le débat public. Fortement médiatisées, les relations intergénérationnelles revêtent tour à tour un aspect dramatique, sous la forme d’un possible « conflit » voir d’une « guerre » des générations qui sont évoqués dans le débat sur les réformes de la sécurité sociale et du système de prévoyance vieillesse, ou enchanté, à l’évocation des liens de parentèle et des solidarités familiales.

Les deux mythes les plus récurrents lors de l’évocation d’un potentiel conflit entre les générations sont, d’une part l’effritement des liens et des solidarités au sein de la famille et, d’autre part, la remise en cause du « contrat intergénérationnel » en raison de la pression financière exercée sur les assurances sociales par le vieillissement démographique.

Les modifications sociales (la diversification des modèles familiaux) et démographiques (l’allongement de l’espérance de vie) sont souvent suspectées d’être à l’origine d’un délitement des liens entre les générations et entretiennent le mythe d’une société plus solidaire par le passé, qui serait en voie de disparition.

Face aux changements démographiques qui se profilent, le réseau AVIF se propose d’interroger les enjeux liés aux échanges au sein des générations familiales ainsi que l’articulation des solidarités publiques et privées et la répartition des charges entre Etat et familles en particulier, notamment la manière dont ils se déclinent dans l’accompagnement de la grande vieillesse et la perte d’autonomie.