Malgré l’offre existante, les participant·es ont toutefois fait part du manque de marges de manœuvre et de leur sentiment d’impuissance en regard des multiples contraintes (politiques, légales, réglementaires, financières, administratives, économiques), paradoxes et normes à l’œuvre lorsqu’il s’agit de faire « bouger les lignes », que ce soit au niveau fédéral, cantonal, communal ou sur le terrain :
- Absence d’instance dédiée en matière d’application du droit au logement
- Absence de régulation du marché libre par l’Etat et incapacité des pouvoirs publics à développer et réorienter l’offre immobilière
- Complexité d’application des outils légaux existants (droit de préemption, par exemple)
- Orientation de moyens financiers importants vers des actions de types « curatives/palliatives » (relogement à l’hôtel, par exemple) au détriment d’actions plus préventives
- Développement d’actions substitutives bénévoles (citoyennes, militantes ou caritatives) en réaction aux défaillances de l’État social
- Rôle des professionnel·les dans la reproduction de stigmates et la recréation de situations de précarités (via représentations normatives du logement et de la « capacité à habiter », par exemple)
- Non-recours des personnes les plus fragilisées aux dispositifs d’aide, notamment par manque d’information, par crainte de répercussion négative sur leur droit de séjour (depuis entrée en vigueur de la LEI révisée en 2019)
- Non-reconnaissance de la capacité d’expertise et criminalisation des personnes concernées par les pouvoirs publics (occupations de logements vacants, par exemple)
Ces différents constats révèlent en creux la faible attention accordée à la question du logement dans la structuration de la politique sociale helvétique. Afin de lutter efficacement contre le mal-logement, l’ensemble des participant·es s’accorde sur la nécessité d’élaborer à l’échelle cantonale une véritable politique sociale du logement, c’est-à-dire une stratégie concertée qui implique l’ensemble des acteurs concernés.