Les mutations de l’assistance et de la société.
L’histoire de la sécurité sociale montre que la représentation de l’assistance comme un tout homogène, sorte de « dernier filet de sécurité » dans un système social qui ne laisserait personne de côté est trompeuse. En effet, dans le courant du 20ème siècle, les prestations sociales servies par l’assistance ont été réduites, alors qu’elle prenait en charge au 19ème indistinctement les invalides, orphelins ou malades.
Cet article démontre que si l’aide sociale, produit de mutations et de changements profonds de l’Etat, a aujourd’hui un rôle mineur dans le système de sécurité sociale, elle est pourtant au centre des critiques, jugée trop coûteuse et inefficace. Il pose la question de savoir pourquoi elle est ainsi remise en cause et ce qu’elle révèle des mutations de la société.
La thématique des prétendus « abus » des bénéficiaires, en pleine expansion médiatique et politique, amène des travailleur-euse-s sociaux/ales sous pression à augmenter les contrôles sur les bénéficiaires soumis à l’obligation de signaler tout changement, même mineur, dans leur situation. La logique d’une aide sociale ciblée, accordant ses prestations au cas par cas, induit une sorte d’accusation et de soupçon de culpabilité envers les assisté-e-s et impose un comportement, considéré comme adéquat par les normes dominantes.
Résumé : Sarah Kiani.