Aide-soignante, un travail sexué et racialisé

Certains phénomènes s’imbriquent pour sexualiser et racialiser les rapports entre les échelons hiérarchiques des EMS. À l’intérieur même de ces échelons, des phénomènes se concrétisent entre femmes et hommes, entre noirs et blancs. Quels sont ces phénomènes ? C’est la question à laquelle Claire Ansermet s’est intéressée dans le cadre de son mémoire de master en travail social qui a porté sur les aides-soignantes et l’aspect sexué et racialisé de leur travail. A partir d’un terrain (un EMS vaudois), l’auteure met en lumière le fait que les facteurs discriminants se combinent de manière différente selon l’âge de la personne, sa couleur de peau, son origine, sa religion et sa position hiérarchique. Ces facteurs ne sont pas « isolables » les uns des autres, ils ne sont pas cumulés, mais ils se combinent et forment des types de domination différente.

L’article souligne que le métier d’aide-soignante est considéré comme féminin de par son lien direct avec les tâches de reproduction, tâches que les femmes sont censées maîtriser de manière innée. L’auteure, en s’appuyant sur les écrits de Michelle Perrot, avance qu’un métier est considéré comme « féminin » selon deux critères. Il faut d’abord que les fonctions professionnelles comportent des tâches de care, qualités féminines dites « naturelles » (douceur, compréhension, agilité manuelle, patience). Il faut ensuite que l’activité soit jugée « peu accaparante » et conciliable avec les tâches ménagères et le bon maintien d’un foyer. Or, la manutention, la mise en mouvement des corps malades, les horaires flexibles et le travail de nuit sont loin de correspondre à ces critères.

De ce fait, Claire Ansermet relève la situation des aides-soignantes qui se retrouvent en « contradiction de statut », appartenant à une sphère socioprofessionnelle féminine, alors que leur travail effectif n’y correspond pas. Elles cumulent ainsi les désavantages sociaux des hommes et des femmes (pénibilité physique de leurs tâches, difficulté à concilier vie de famille et vie professionnelle avec de tels horaires). Elles ne peuvent ainsi ni revendiquer des droits propres à un statut social, ni bénéficier d’une reconnaissance sociale et salariale.

Résumé : Anne-Line Schminke

Auteur·e·s
Ansermet Claire
Références

Ansermet, C. (2011). Aide-soignante, un travail sexué et racialisé. SolidaritéS, 191, 12.

Ansermet, C. (2011). Aide-soignante, un travail sexué et racialisé. Reiso : information sociale indépendante, mis en ligne 24 mai.