Depuis une quarantaine d'année, de nombreuses recherches ont été publiées dans le domaine des violences sportives et périsportives et un grand nombre de publications essentielles, principalement britanniques, a vu le jour. Ces travaux ont permis de dégager une périodisation du phénomène en étapes distinctes et ont abouti à un changement du référentiel dans la compréhension de la violence sportive. Les différents débats et travaux autour de cette question ont permis d'élaborer en Suisse une loi anti-hooligan. A travers la sociogenèse de l'élaboration et de la mise en oeuvre d'une loi, spécifiquement destinée à lutter contre le supportérisme violent, l'article démontre comment se déclinent les référentiels qui ont orienté cette lutte. Ainsi, cette loi ne prévoit aucune mesure de prévention ni d'incitation à des mesures de prévention des comportements racistes et violents. Les images de la situation et les moyens à mettre en oeuvre pour remédier à cette violence n'ont pas fait débat et ces accords ont sans doute été unifiés par trois ciments : les préoccupations économiques et sécuritaires alimentées à un référentiel du risque sportif qui impose l'idée que le sport est désormais victime de violence, une pensée qui persiste à reproduire le mythe du sport comme vecteur de « bonnes valeurs » et une diffusion des savoirs de la sociologie du sport qui a une certaine prudence lorsqu'il s'agit d'affirmer le caractère non négociable des violences sportives.
Résumé : Sarah Kiani