Plusieurs enquêtes menées en Suisse rendent compte de la perte d’importance du religieux dans la vie quotidienne des individus. En parallèle à cela, le nombre de personnes appartenant à des traditions religieuses nouvellement implantées est en augmentation. On assiste à une double dynamique : D’une part le repli démographique des groupes majoritaires et la diminution de leur poids social et d’autre part une pluralisation religieuse minoritaire mais socialement significative qui pose un défi aux Etats cantonaux en revendiquant une reconnaissance comparable à celle dont bénéficient les communautés religieuses établies.
Cette pluralisation réactive l’affrontement entre deux visions du rapport religion - Etat : celui d’un soutien mutuel ou d’une complète séparation. Les diverses enquêtes menées en Suisse montrent que les liens entre les valeurs chrétiennes et le système politique persistent : les policien-ne-s doivent en effet respecter les valeurs chrétiennes sans toutefois qu’elle influe sur la politique. La religion imprègne donc l’espace publique mais, pour la majorité des personnes interrogées, elle doit uniquement le faire au niveau des principes. Les pouvoirs publics, régulateurs de la scène religieuse sont donc considérés comme les garants de la référence chrétienne et légitimés à intervenir à l’égard des activités des nouveaux groupes implantés. Nous n’assistons donc pas à un déclin de la présence du religieux dans l’espace social mais à une nouvelle visibilité de celui-ci sous une forme inédite.
Résumé : Sarah Kiani