Le présent article, rédigé par Nicola Cianferoni, s’intéresse à l’impact de la modernisation de La Poste sur les conditions de travail de ses salariés. Cette contribution se base sur une enquête empirique menée par Nicola Cianferoni en 2009 au sein d’un établissement où travaillent 365 salariés. Le constat révèle que la libéralisation du secteur postal initiée au début des années 1990 a amené la Poste suisse à décentraliser ses structures productives en réorganisant sa production, le but étant d’augmenter les cadences et de réduire les temps morts. Ainsi, le facteur, sur lequel se concentrent ces mesures, ne parvient plus toujours à assurer la qualité de son travail qu’il associe à la relation avec les usagers, et redouble ses efforts pour pallier les défaillances de l’organisation du travail. Les souffrances qui en résultent sont aggravées par un conflit social latent qui ne trouve aucune expression collective et structurée.
Divisé en quatre parties, l’article présente pour commencer les différentes étapes de la libéralisation du secteur postal et vise à déceler les pressions politiques qui en sont à l’origine. En seconde partie, Nicola Cianferoni s’intéresse aux restructurations menées par l’entreprise dans ce contexte ainsi qu’aux répercussions sur l’organisation du travail. Dans la troisième partie, l’auteur met en évidence les souffrances que la réorganisation du travail est susceptible de provoquer chez les facteurs. La contribution se termine sur la constatation de l’existence d’un conflit social latent pouvant se révéler délétère à la fois pour l’entreprise et les salariés.
Résumé : Anne-Line Schminke