L’attention publique portée au phénomène du dopage sportif témoigne d’une réaction sociale qu’il convient de mieux comprendre. Conséquence induite par l’augmentation de la sensibilité publique associée à ce problème, la visibilité de ce phénomène n’est pas pour autant indépendante de l’évolution des pratiques de dopage qui vont trouver, avec les transformations du champ sportif renforcées depuis le dernier quart du XXe siècle, les conditions d’un nouvel essor. Enfin, contemporaine d’une époque caractérisée en outre par un certain « retour » des vertus proclamées de l’exercice sportif et par une célébration du « mouvement » dans la vie quotidienne indissociable d’une dénonciation plus ou moins larvée du manque d’activité physique, la critique de l’excès sportif (avec soupçon de dopage) gagne à être rapportée, pour être mieux comprise, au « modèle d’individu » dont elle est le pendant et qu’elle contribue à son tour à façonner.