Dans le contexte de l’évolution des politiques sociales vers une contractualisation et une individualisation, les conseiller-ère-s des agences pour l’emploi acquièrent une importance grandissante. Cet article s’ancre dans le contexte suisse de l’assurance-chômage et se base sur des données récoltées entre 2003 et 2006 dans cinq agences locales ainsi que sur une recherche réalisée entre 2007 et 2009 auprès de trois organismes de mesures actives.
Le rôle du/de la conseiller-ère consiste à accroître les chances de réinsertion des chômeur-euse-s de manière rapide et durable, à l’aide de différentes formes d’activations qui sont analysées dans cet article. Celui-ci répond à un double objectif : distinguer les logiques sous-jacentes à ces stratégies et identifier les dilemmes et injonctions paradoxales auxquelles les conseiller-ère-s sont confronté-e-s. L’analyse identifie deux leviers principaux: d’une part une action sur l’offre et d’autre part, une action sur l’occupation. Les conseillers visent donc soit à adapter les demandeur-euse-s d’emploi aux exigences du marché, soit à occuper celles et ceux qui se révèleraient difficilement adaptables. Ils favorisent donc une diminution des coûts au détriment d’une stratégie de qualification. Les conseiller-ère-s sont confronté-e-s à des dilemmes entre injonctions institutionnelles et attentes des bénéficiaires : celles et ceux qui voudraient intervenir en fonction des besoins du/de la chômeur-euse peuvent en effet être placé-e-s en situation difficile.
Résumé : Sarah Kiani