Le travail de mise au monde

Cet article de Marilène Vuille traite de la technique de l’accouchement sans douleurs (ASD) promue dans les années 1950 en France par des médecins proches du parti communiste. La perspective de l’auteure est d’analyser l’accouchement comme un travail, suivant la définition que toute activité à caractère pénible peut être considérée comme tel.

L’ASD tire son origine de la prophylaxie obstétricale et part du principe que l’accouchement n’est pas douloureux en soi mais rendu tel par des préjugés et des représentations faussées de femmes qui souffrent. Ces médecins proches du PCF tendent donc à promouvoir une méthode qui, sur la base d’une éducation des femmes enceintes s’entraînant et se préparant à leur accouchement et à sa maîtrise, prouverait la supériorité de la science soviétique. L’ASD, outre un réel « conditionnement » des femmes enceintes suivant des cours leur indiquant les meilleures postures à adopter et la manière de respirer, instaure une véritable division du travail lors de l’accouchement : le médecin le dirige, exhortant la femme à suivre ses paroles, la sage-femme s’occupe du confort et des affects de la parturiente et le reste de l’équipe unit ses efforts à ceux du médecin afin qu’elle suive les directives. L’ASD promeut un accouchement en équipe, solidaire et dans l’idée que la femme doit participer, réussir et apprendre à se contrôler, valeurs qui semblent être des injonctions morales toujours en vigueur aujourd’hui.

Résumé : Sarah Kiani.

Auteur·e·s
Vuille Marilène
Références
Vuille, M. (2008). Le travail de mise au monde. In M. Rosende & N. Benelli (Eds.),Laboratoires du travail (pp. 67-79). Lausanne: Editions Antipodes.