L'accouchement sans douleurs (ASD) est un ensemble de techniques promues au début des années 50 afin de permettre aux femmes de maîtriser leur douleur durant l'enfantement. Durant cette période de guerre froide, l'ASD devient un enjeu important pour le Parti communiste français (PCF) qui, avec la collaboration de l'Union des femmes françaises (UFF) et de médecins, en font un thème de militantisme.
Pourtant, comme nous le démontre Marilène Vuille dans cet article, il ne s'agit pas d'un militantisme en vue de libérer les femmes d'une condition socialement construite. L'ASD est en réalité un instrument de propagande permettant de démontrer la supériorité de la « science soviétique ». Plus encore, si l'ASD ne permet pas de déconstruire une vision stéréotypée du genre, il participe au contraire à son renforcement.
Bien que les communistes considèrent que la douleur des femmes lors de l'accouchement est le produit d'un conditionnement social acquis à travers leur histoire et non un fait biologique, il participe d'une représentation normative de ces dernières en mettant en avant leur besoin d'être « éduquées » à travers la connaissance de leur corps, libérées de leur « animalité » en apprenant à se maîtriser. Cette vision cantonne les femmes à leur rôle de mère mais également d'épouse, l'accouchement sans douleur étant censé rapprocher le couple dans une harmonie sans faille. Enfin, cet article aborde également la question de la supériorité masculine dans le fonctionnement même du militantisme, les femmes n'ayant qu'un rôle secondaire dans cette campagne.
Résumé : Sarah Kiani