L'état de santé des femmes est déterminé par les rapports sociaux de sexe. En effet, le monde médical particularise et a toujours particularisé leurs corps, les pensant comme des êtres largement biologisés, contrairement aux hommes. Cette vision du corps des femmes est celle d'un corps pathogène et biologiquement déséquilibré.
Dans les années 1960 et 1970, les mouvements féministes se battent essentiellement sur le front de l'avortement et de la contraception, ce que retracent plusieurs contributions de ce numéro thématique de « Nouvelles Questions féministes », esquissant l'histoire du « mouvement pour la santé des femmes » et offrant des repères. Autour de questions comme la réappropriation du corps, le refus des hiérarchies inhérentes à la médecine et la construction d'un savoir sur leur corps, les mouvements d'expertise et de contre-expertise qui ont émergé aux États-Unis ont largement contribué à faire avancer les choses notamment en permettant l'instauration de politiques de « Gender health », institutionnalisant progressivement la question du genre dans les systèmes de santé. Ils ont permis de faire émerger l'image d'une usagère de la santé active, politisée, non soumise à l'autorité des experts. Le fil rouge de ces articles porte donc sur la médicalisation, tout en reconnaissant que le monde de la médecine est pluriel, parcouru de divisions et que celle-ci n'est pas pour autant inutile au maintien ni au recouvrement de la santé. Ils permettent de rendre compte à quel point la santé est politique.
Résumé : Sarah Kiani