La question des abus dont serait victime l’assurance-chômage en Suisse est très politisée et peut se décliner selon deux registres, l’autonomisation des individus et l’accroissement de leur efficience. Cette vision procède d’un regard purement économique des comportements humains en plaçant motivation et incitation au premier plan. Elle tend à considérer le versement d’indemnités comme réduisant la volonté de travailler des bénéficiaires, dans l’idée qu’une couverture trop importante diminue la motivation.
L’essor de l’Etat social actif est à l’origine d’une relation inédite entre l’individu et l’Etat social en mettant l’accent sur la responsabilisation des personnes, dans le but d’éradiquer les phénomènes de dépendance et de pauvreté. Cet article s’intéresse à la question des abus à travers la thématique des politiques actives et du fonctionnement des offices régionaux de placements (ORP), mis en place lors de la révision de l’assurance en 1995. Le déploiement de ces politiques démontre que le travail est considéré comme le facteur d’intégration premier, auquel chacun doit avoir accès. Ces mesures ont pour but d’éviter les abus, ce dont sont sensés s’assurer les conseiller-ère-s ORP et renforcent le caractère punitif de la loi. Ce dispositif démontre que c’est l’objectif d’économie qui prime et qu’il a comme conséquence de reléguer au second plan la qualité du suivi des personnes au chômage, favorisant des liens purement administratifs au dépend d’une aide individuelle.
Résumé : Sarah Kiani.