Cet article d’Isabelle Probst propose une analyse de la dimension genrée de la reconnaissance des « Troubles musculo-squelettiques » (TMS) comme maladie professionnelle, dans le cadre suisse. Les TMS sont à plusieurs titres objets de controverses quant à leur origine, précisément sur la question de savoir si celle-ci est professionnelle ou personnelle. La reconnaissance des maladies professionnelles est au centre d’enjeux de prestations pour les travailleur-euse-s malades, ainsi que de répartition des coûts entre salariés et patronat.
Le genre est une dimension centrale de la question des maladies du travail et de la reconnaissance de ces maladies. Dans cette optique, l’article se focalise sur les différences de déclaration et de reconnaissance entre travailleuses et travailleurs souffrant de TMS en analysant les processus explicatifs de ces différences. L’étude est réalisée à l’aide de trois types de documents : les statistiques officielles des maladies professionnelles, les publications des assurances-accidents sur les TMS et les documents produits par les assurances accident lors des demandes d’indemnisation.
Ceux-ci démontrent que si les TMS sont rarement reconnus comme accidents du travail en Suisse, ceux des travailleuses le sont encore moins que ceux des travailleurs. Cette reconnaissance moindre implique tant des déclarations moins fréquentes de la part des travailleuses mais aussi une plus grande sévérité des assurances envers elles.
Résumé : Sarah Kiani