Cet article se penche sur la question de comprendre l’intérêt que les bénévoles, généralement des personnes en bonne santé, peuvent trouvent à côtoyer des individus en fin de vie. En effet, les bénévoles ne pouvant espérer aucune rémunération, ils interviennent parce qu’ils en ressentent la nécessité. En d’autres mots, cet article s’intéresse à comprendre quels sont les motifs qui incitent les bénévoles à s’engager auprès des mourants. La gratuité de leurs interventions peut faire planer un doute important sur leur engagement, celui de profiter de la souffrance d’autrui. En se basant sur des entretiens menés avec des bénévoles et notamment des textes écrits de l’une d’entre elle, l’article permet de montrer une scission dans l’activité des bénévoles, entre ce qui est explicitement dit et fait auprès d’un patient, et le « bénéfice » personnel de leur bienveillance, qui reste souvent dans le silence. C’est ce silence qui devient un matériau pour l’anthropologue ou le sociologue, qui ne dispose pourtant pas d’outils pour l’analyser. Le silence permet aux individus de garder intact ce à quoi ils sont attachés et le rôle de l’ethnographe est de canaliser et d’en élucider les appuis. Car le monde est fait de figures enchanteresses plus ou moins conformes à la morale commune, qu’il importe d’interroger.
Résumé : Sarah Kiani