Stéphane Rossini aborde dans cet article le thème du système suisse de protection sociale qui se voit contraint de gérer un certain nombre de phénomènes et de relever divers défis parfois contradictoires (évolution des problèmes sociaux et accroissement des besoins de la population, équilibre financier des régimes d’assurances sociales, contraintes d’innovation en matière de gestion et d’administration des organes d’application des politiques sociales).
Stéphane Rossini se penche sur l’aspect financier en abordant les dépenses sociales en augmentation et les déficits importants de certaines assurances sociales. Il ajoute que du point de vue principiel, une tendance à l’affaiblissement des assurances sociales fédérales se dessine (réduction des prestations dans les domaines du chômage ou de l’invalidité, transfert de charges sur les assurés dans l’assurance maladie), ce qui a pour conséquence de renforcer le poids et l’importance de l’aide sociale. Cette tendance est liée à la fois à la modernisation du fédéralisme et à la difficulté d’accorder aux problèmes sociaux et à leurs évolutions une réelle prédominance dans la discussion sur les développements futurs des régimes sociaux, le débat principal restant confiné à des problématiques de nature financière et comptable.
Stéphane Rossini avance en outre que l’État social en tant que tel n’est pas un problème, mais une solution efficace aux problèmes générés par le fonctionnement d’une économie ultra-libérale et mondialisée. Les assurances sociales viennent ainsi en aide aux personnes et aux familles qui n’arrivent plus à nouer les deux bouts car elles sont sans emploi, malades, invalides ou âgées. L’État social est donc décrit comme étant un vecteur économique, une contribution à la consommation, un instrument de la cohésion sociale et des nations. Le système de protection sociale suppose ainsi une gouvernance dynamique, constructive, moderne, qui sache allier simultanément la rigueur de la gestion des régimes, les principes de solidarité et le dépassement des acquis historiques. En ce sens, l’organisation de la politique sociale est à repenser, à moderniser. L’article se termine ainsi en attirant l’attention sur le fait que le concept de « réforme » n’est pas synonyme de « mesures d’économies ».
Résumé : Anne-Line Schminke