Depuis 2007, la question de l’équilibre entre flexibilité et sécurité sur le marché du travail est devenue une des priorités de l’agenda de l’Union européenne. Les efforts des États-Membres en la matière sont notamment évalués au moyen des deux indicateurs dynamiques qui mesurent la sécurité de l’emploi et le progrès des qualifications.
Jean-Michel Bonvin montre que la construction d’indicateurs emprunte des chemins aussi scientifiques qu’idéologiques en clarifiant les fondements normatifs des repères statistiques. L’auteur montre que ces indicateurs, inclus dans la boîte à outil des évaluateurs, ne sauraient être envisagés comme le signe de l’alignement inéluctable sur une conception unique de la flexicurité. Se basant sur l’approche par les capacités d’Amartya Sen, Jean-Michel Bonvin discute les limites de ces fondements normatifs qui privilégient flexibilité plutôt que liberté réelle des travailleurs, employabilité plutôt que capacité et capital humain plutôt que développement professionnel.
Cette contribution organisée en trois temps revient tout d’abord sur le contexte dans lequel l’Europe s’est dotée d’indicateurs de flexicurité, indicateurs qui sont ensuite présentés. L’attention se porte plus particulièrement sur les deux indicateurs dynamiques de synthèse que sont d’une part l’indicateur de performance dans la sécurité de l’emploi et d’autre part l’indicateur de progrès des qualifications. En contrepoint, l’auteur développe l’approche par les capacités (AC) comme une manière alternative de concevoir la sécurité et le rôle qu’est susceptible d’y jouer la formation. Jean-Michel Bonvin conclut en présentant quelques repères afin d’élaborer des indicateurs davantage inspirés par l’approche par les capacités.
Résumé : Anne-Line Schminke