De la "maturité" de la femme à la chirurgie : les conditions de réparation du clitoris

En France, depuis le début des années 2000, un nouveau discours s’impose concernant les mutilations sexuelles, le « droit à la réparation ». Ce droit est pourtant conditionnel : les femmes qui désirent l’opération doivent passer par plusieurs examens psychologiques et physiologiques afin de déterminer leur prétendue « maturité » dans le « parcours de réparation » qui ne se limite pas à la chirurgie. Cet article, basé sur un travail d’observation au sein d’une équipe médicale et la lecture de dossiers médicaux de femmes entre dix-huit et trente ans qui ont permis de reconstruire le « parcours de réparation », démontre l’importance de la notion de « maturité » de la femme, centrale à l’évaluation.

L’analyse des discours démontre que cette « maturité » est avant tout le rejet de la culture d’origine et l’assimilation aux valeurs de l’équipe médicale et de la société d’accueil, récompensée par le droit à l’opération. Ainsi, ce sont aux femmes de s’adapter à la chirurgie, et non l’inverse. Les facteurs idéologiques, culturels et symboliques occupent donc une place décisive dans le processus de réparation et l’équipe médicale possède des critères bien précis de ce qui constitue une sexualité « normale » : hétérosexuelle et associée au plaisir. Les représentations de la sexualité des femmes excisées constituent les fondements sur lesquels le savoir médical se construit et sur lesquels il les « répare » pour qu’elles accèdent à une sexualité « normale ».

Résumé : Sarah Kiani

Auteur·e·s
Villani Michela
Références
Villani, M. (2009). De la “maturité” de la femme à la chirurgie : les conditions de réparation du clitoris. Sexologies, 18, 97-303.