Basé sur une présentation lors d’un colloque, ce texte de Jean-Michel Bonvin s’intéresse aux évolutions engendrées par les réformes issues de la Nouvelle Gestion Publique (NGP). La NGP vise à répondre aux trois lacunes majeures du modèle bureaucratique classique (incapacité à gérer l’écart entre travail prescrit et travail réel, rigidité et impersonnalité des règles édictées, inefficacité en termes de qualité des prestations fournies). L’auteur identifie en premier lieu les mutations du rapport à la norme induites par la NGP. Le modèle bureaucratique classique s’enferme dans un processus d’inflation normative, censé diriger le travail du-de la fonctionnaire public-que, mais n’arrive à éliminer complètement le libre-arbitre de ce-tte dernier-ère. La NGP tente de répondre à cela en introduisant des objectifs stratégiques, émanant du pouvoir public, et une gestion opérationnelle par indicateurs. La norme n’est alors plus perçue comme un moyen de rappeler à l’ordre, mais comme une injonction à l’autonomie et à la responsabilité. En second lieu, Jean-Michel Bonvin identifie une transformation de la notion même de service public. Il fait émerger un paradoxe entre certains grands principes du service public et les modes de gestion de l’économie du marché qui inspirent les modèles de la NGP. Par contraste, le modèle participatif émergent de la NGP, qui se traduit par un recours plus fréquent à la délibération, pourrait dépasser ces dilemmes. Enfin, la NGP introduit une nouvelle définition du citoyen-ne envisagé-e comme un client-e. Il convient toutefois de se demander si ce-tte client-e - qui se substitue au citoyen-ne - est le-la premier-ère bénéficiaire de la NGP. Dans le domaine social, la NGP tend à mettre l’accent sur la diminution des coûts et la mise en place d’instruments de contrôle plus performants. Ici aussi, le modèle participatif de la NGP qui cherche à donner un rôle actif au citoyen-ne dans la définition du contenu et des modalités de mise en œuvre, pourrait constituer une alternative plus respectueuse des droits des citoyens.
Résumé : Daniel Prélaz