Cet article propose de tester l'impact du modèle suisse de responsabilité sociale d'entreprise (RSE), telle qu'elle est conçue par ses défenseurs, dans un cas de restructurations successives. La RSE combine une perspective managériale postulant que les intérêts de la compagnie sont en adéquation avec ceux des employés, une perspective encourageant la participation de tous au processus de régulation et une perspective permettant aux actionnaires de l'entreprise de lui imposer des normes de conduite, auxquelles elle se conforme afin de préserver une bonne réputation.
Afin de juger de l'efficacité de la RSE, une étude de cas est conduite au sein de l'entreprise Tornos, industrie métallurgique qui a la réputation d'être ouverte à un dialogue social. L'industrie va connaître des restructurations successives, réduisant drastiquement son personnel en quelques années, et en en astreignant d'autres au chômage partiel. Lors de la première restructuration en 2001, un plan social est mis en place : lors des crises qui suivront cependant, aucun plan social ne sera mis en place.
En Suisse, l'absence quasi complète de lois relatives au marché du travail renforce la domination des employeurs sur les employés et limite l'action des syndicats. La neutralité du secteur public, refusant d'entrer en matière, renforce encore cette inégalité. La RSE, reposant sur la sagesse des dirigeants de l'entreprise, doit étendre les droits des travailleurs et actionnaires et renforcer leur pouvoir de négociation et de discussion.
Résumé : Sarah Kiani.