Les politiques transversales : de nouvelles technologies de pouvoir ?

Le système contemporain de sécurité sociale est remarquablement complexe, fonctionnant de manière différente selon le type d’assurance, spécifique selon la population concernée. Le financement est particulier à chacune des neuf assurances sociales, tout comme leur organisation, dans un système compliqué où s’enchevêtrent les niveaux de décision. Dans ce contexte qui favorise la difficile coordination des régimes, on assiste au développement d’instruments spécifiques que Jean-Pierre Tabin nomme, en référence à Michel Foucault, des technologies. Celles-ci se déploient dans les domaines de la réinsertion professionnelle et l’intégration des personnes étrangères, entre autres. L’analyse de ces deux domaines fait l’objet de cet article.

Ces mesures, sous la forme de cours ou de programmes, procèdent de la même manière en faisant l’impasse sur l’idéologie qui les sous-tend, la normalité de l’emploi salarié en ce qui concerne la réinsertion professionnelle et la supériorité des normes nationales pour l’intégration des étranger-ère-s. Elles ne questionnent pas les raisons de l’exclusion en se présentant comme idéologiquement neutres et ne proposent pas de solutions structurelles. Il est nécessaire de réformer le système de sécurité sociale, en intégrant le souci de non-exclusion et de réviser la politique migratoire. Les technologies ont pour objectif d’imposer un certain comportement à la population, sans questionner les défauts du système, présentant ainsi une stratégie d’exercice du pouvoir.

Résumé : Sarah Kiani.

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Références

Tabin, J.-P. (2009). Les politiques transversales : de nouvelles technologies de pouvoir ? Le social à l'épreuve de la politique transversale, 1-2,  31-42.