Le caractère sexué des émotions dans le travail social : le cas des assistantes et assistants sociaux

Bien que le travail social ne se réduise pas à sa composante émotionnelle, celle-ci apparaît comme un gage de légitimité des « métiers de l’humain ». En effet, il est difficile d’imaginer une intervention professionnelle qui se passe d’écoute attentive et de sollicitude. Pourtant, les métiers du care, majoritairement exercés par des femmes, sont mal rétribués et manquent de valorisation en raison de leur proximité avec le travail généralement féminin lui aussi, accompli gratuitement dans le cadre familial. On refuse ainsi de les considérer comme relevant de compétences professionnelles qui ne sont pas des compétences naturelles mais qui s’acquièrent et en raison de la menace d’une « déshumanisation » des soins que cela entrainerait. Ce refus perpétue des formes d’inégalités et de discriminations envers celles qui effectuent ces travaux. La pratique du care dans les métiers du social est de plus menacée par la remise en cause de l’Etat social et les mesures d’économies imposées à la profession. Quelle va être sa place dans ce contexte ?

Cet article basé sur une recherche qui porte sur la composante émotionnelle du travail social à partir de l’observation du travail des assistant-e-s sociales/aux, après avoir défini la notion de care, s’intéresse à l’apport des études féministes du travail féminin ainsi qu’à celui de la perspective de genre et rend compte de la nécessité de la reconnaissance du care comme témoin de la nécessaire dépendance affective et de la solidarité des êtres et au nom de l’égalité des sexes.

Résumé : Sarah Kiani

Auteur·e·s
Messant-Laurent Françoise
Références

Modak, M., Messant, F. & Bachmann, L. (2009). Le caractère sexué des émotions dans le travail social : le cas des assistantes et assistants sociaux. In Y. Guillaud & J. Widmer (Eds), Le juste et l'injuste. Emotions, reconnaissance et actions collectives (pp. 209-221). Paris : L'Harmattan.