Ce module d'approfondissement est enseigné à la Haute école de travail social Fribourg.
Les technologiques numériques s’invitent dans tous les domaines de la vie professionnelle et sociale. Etudier la digitalisation dans le champ du travail social suppose de considérer tant les transformations qui le conditionnent (évolutions des formes de communication, de consommation et de production, du fonctionnement du marché du travail, etc.) que ce qui se joue spécifiquement à l’intérieur de ce champ, à la fois à travers le déploiement de différents dispositifs technologiques de médiatisation et de gestion de l’accompagnement, et comme nouvel objet de l’intervention. Si la présence de divers outils de communication et de gestion est relativement ancienne dans le travail social, une des spécificités des technologies numériquesest d’englober une multiplicité de dispositifs et de fonctionnalités, de concerner tous les acteurs et actrices et d’être déployées dans toutes les dimensions de leurs activités et à tous les niveaux organisationnels. La digitalisation appelle ainsi à revisiter les problématiques « traditionnelles » du travail social, tout en faisant émerger de nouveaux enjeux, relatifs notamment :
- aux ressources et compétences d’usages des dispositifs numériques par les bénéficiaires mais aussi par les professionnel·le·s ;
- aux représentations et aux positionnements des professionnel·le·s, qui guident l’appropriation des multiples formes du digital/numérique, tant au niveau individuel qu’au sein des collectifs de travail et des organisations ;
- aux rapports qui se nouent entre professionnel·le·s et publics et à la reconfiguration de la relation d’accompagnement au moyen ou au travers des dispositifs numériques.
Ces enjeux se déclinent en de nombreuses questions, qui constituent autant d’angles d’approche et invitent à saisir les usages concrets des technologies numériques, ainsi que leurs potentialités et limites : quelles sont les conséquences de la numérisation des ressources et de la dématérialisation de la relation, en matière d’accès aux droits et aux prestations pour les publics du travail social ? Comment maintenir un
accompagnement de qualité lorsqu’il est en partie ou totalement médiatisé par des écrans et par des logiciels de gestion des dossiers ? À quelles tensions sont confronté·e·s les professionnel·le·s pour conjuguer leurs différentes missions en matière d’éducation, d’accompagnement, de prévention, d’insertion et d’autonomisation des publics ? Ce module a pour ambition d’éclairer aussi bien les conflits et les inégalités générés par la transition numérique que l’horizon des possibles qu’elle ouvre dans la poursuite des finalités du travail social et de sa déontologie professionnelle.
Les enjeux de la digitalisation pour le travail social seront approfondis dans ce module à travers les cinq entrées thématiques ci-dessous, complémentaires et de manière transversale par des considérations sociologiques, techniques, éthiques, juridiques, économiques et écologiques destinées à acquérir une vision globale et critique sur le phénomène de la transition numérique.
- La transition numérique contribue à modifier le contexte et le cadre de travail des professionnel·le·s (sociabilité, communication, dématérialisation de l’administration, marché du travail, etc.).
- Les différents développements de la digitalisation reconfigurent et renouvellent les objets d’intervention du travail social : nouveaux types de dépendances et formes de violences, (par ex. cyberharcèlement), nouveaux objets et pratiques d’accompagnement (médiation numérique), etc.
- La numérisation offre également de nouveaux outils grâce auxquels les professionnel·le·s repensent et diversifient leur manière d’entrer en relation, de communiquer et d’agir avec et pour les bénéficiaires.
- Les publics du travail social sont également des acteurs de la digitalisation de ce champ d’activité. Leurs usages, plus ou moins contraints et/ou souhaités, des technologies numériques contribuent à certaines conditions et dans certains contextes à renforcer – ou à réduire – leur pouvoir d’action et à transformer leurs rapports avec les institutions sociales et administratives.
- Les travailleurs sociaux et travailleuses sociales voient ainsi leurs pratiques et organisations professionnelles se transformer (périmètre de l’activité, modalités relationnelles, apparition de nouveaux acteurs, etc.), ce qui questionne leur posture ainsi que les contours de leur profession(nalité).