Enfance, jeunesse et familleNuméro 2 - 10/2025

La participation en protection des mineurs

Une formation à partager !


Publié le

En juin 2025, une rencontre de plus d’une heure a réuni une éducatrice sociale, Madame Dorothée Grünig, dont l’activité professionnelle s’inscrit dans la Fondation Pouponnière et l’Abri et un assistant social, adjoint dans un ORPM de la DGEJ, Monsieur Grégoire Gasparini. Nous les remercions tous deux pour leur disponibilité et leur participation à cette réflexion.

Illustration Gazette 2
Illustration Gazette 2

Cet échange a porté sur les enjeux de collaborations et d’interprofessionnalité en protection des mineurs, depuis l’expérience vécue récemment par ces deux participant·es lors de la Microcertification HES SO en « Enjeux et défis de la participation dans un contexte de protection », qui fait partie du CAS HES-SO en Intervention en protection de l’enfance et soutien à la famille. Les échanges se sont déroulés en présence de Madame Pont Chamot et de Monsieur Devigne responsables des formations susmentionnées ainsi que de Monsieur Favez, rédacteur de la Gazette. L’article ci-dessous est une réécriture d’une partie des réflexions de Monsieur Gasparini à cette occasion. Son avis tel que retranscrit ici n’engage pas la DGEJ.

En débutant cette micro-certification aviez-vous des attentes particulières en termes de mixité du public ?

Grégoire Gasparini (plus bas GG) : Comme les différentes structures fonctionnent souvent « en silo », j’ai pensé que la présence de collègues de la DGEJ et des institutions était une bonne chose. Entre partenaires, je suis parfois effaré du manque de connaissances partagées. Je dirais même que nous nous comprenons de moins en moins, alors que nous accompagnons les mêmes familles et enfants, que nous affrontons les mêmes enjeux.

« Je crois à l’importance d’une empathie opérante sur le terrain comme en formation et cette micro-certification m’a permis de la vivre » — Grégoire Gasparini

De moins en moins ?

GG : Cette situation n’est pas liée à un manque de volonté de collaborer. Elle naît des contraintes qui pèsent sur nos métiers et qui font que, tant des entités étatiques que des structures parapubliques, sont en situation de survie, presque de crise. Le turnover est une réalité dont nous peinons à sortir, comme les postes vacants dans les lieux éducatifs. Cette situation favorise une méconnaissance de l’autre, car il faut du temps pour acquérir des connaissances fines sur de nombreuses structures, leur manière singulière de travailler. Cette méconnaissance peut favoriser un repli sur soi.

La formation visait aussi à travailler l’enjeu de la participation des enfants, qui prend tout son sens dans un environnement où celle-ci s’inscrit dans différentes expressions, dans différents lieux, non ?

GG : Dans ce contexte, le travail sur la participation est en effet important. Écouter l’enfant ne résulte pas d’une case à cocher, vingt minutes d’entretien au moins, par exemple ; c’est un moment porteur de sens, qui contribue à construire l’intervention. C’est aussi un facteur d’ajustement des collaborations (pour prendre en compte d’autres formes de participation), surtout lors d’interventions au long cours. De mon point de vue, la participation de l’enfant n’est pas un acte ponctuel : c’est la résultante d’une collaboration interprofessionnelle, interinstitutionnelle, qui s’étale aussi dans le temps. Dans des interventions au long cours, la réalité d’une participation vécue par l’enfant aux décisions prises le concernant devient un enjeu totalement central.

Que dire encore de cette collaboration ?

GG : Elle est le produit d’un accordage formel entre structures, mais aussi entre professionnel ·les, sur le plan individuel. Personne ne doit être seul·e face à cette question qui me semble devoir être co-portée par toutes celles et tous ceux qui sont concerné·es par l’accompagnement de l’enfant. Dans cette micro-certification, cet accordage s’est joué de manière forte dans les ateliers d’analyse de pratique, devant l’automate à cafés, lors de la pause de midi…
 

GG : Nous partageons une réalité professionnelle exigeante, difficile. Elle se réfère aussi à des vécus de souffrance dans les familles. Tout le monde ressent des pressions. Je crois à l’importance d’une empathie opérante sur le terrain comme en formation et cette micro-certification m’a permis de la vivre.