Face à la pénurie persistante, partenaires sociaux et institutions de formation s’unissent pour valoriser les métiers du social
Soutenues par le Canton de Vaud, les Assises du social du 24 novembre 2023 marquaient une étape importante dans la reconnaissance de la situation de crise et des difficultés de recrutement qui ébranlent depuis plusieurs années les institutions sociales vaudoises. Les représentant·es des employé·es et des employeurs se mettaient alors d’accord sur une feuille de route, impliquant aussi les institutions de formation et les autorités cantonales. Les 16 mesures adoptées visaient à lutter contre la pénurie de personnel qualifié, notamment à travers une valorisation des salaires, mais aussi une amélioration des conditions de travail et de moyens supplémentaires pour former davantage de professionnel·les et un encouragement à la formation continue. Le Conseil d’État vaudois annonçait alors dans un communiqué avoir débloqué une première enveloppe pour augmenter les salaires. En décembre 2024, le Grand Conseil votait une motion demandant un calendrier resserré de mise en œuvre des autres mesures. L’effet de ces premières mesures s’est immédiatement et positivement fait sentir sur le terrain.
Mais la situation de crise persiste. La récente étude de SavoirSocial sur le personnel qualifié dans le domaine social montre que 40% des institutions vaudoises peinent toujours à trouver du personnel dans les délais ou avec les qualifications requises. Résultat : de nombreuses équipes sont en sous-effectif et s’épuisent, du personnel non formé ou intérimaire est engagé, des structures doivent fermer – avec des conséquences plus que problématiques pour les bénéficiaires. Un renforcement des mesures pour valoriser les métiers du social est donc nécessaire, mais le risque est aujourd’hui réel qu’au contraire, en cette période de restrictions budgétaires annoncées, la dynamique positive déclenchée par les Assises du social soit freinée. Des années d’efforts pour une meilleure reconnaissance de ces métiers essentiels pour la cohésion sociale et de leur niveau de qualification pourraient ainsi être anéantis.
C’est dans ce cadre que les partenaires sociaux du secteur, l’Association vaudoise des organisations pour personnes en difficulté (AVOP) et le Syndicat des services publics (SSP), ainsi que les institutions de formation tertiaire HETSL et ARPIH appellent les autorités cantonales à renforcer leurs efforts dans un calendrier resserré.
À l’occasion de l’évènement de clôture des festivités pour les 60 ans de la HETSL qui aura lieu le 12 juin*, ils uniront leurs voix pour rappeler la nécessité de disposer de suffisamment de personnel formé et qualifié, notamment en soutenant les efforts des institutions de formation à augmenter les effectifs estudiantins, avec des bonnes conditions de travail et de salaire, en mettant en œuvre les recommandations des Assises du social. Ce cadre est absolument indispensable pour répondre aux besoins sociaux croissants et à la complexification des situations de prise en charge, sans quoi la crise dans des secteurs aussi divers que le handicap, la protection de la jeunesse ou les personnes âgées ne cessera de s’empirer.*
La table ronde sur « Les enjeux de la formation tertiaire et sa valorisation pour les métiers du travail social et de la santé » aura lieu le 12 juin à la HETSL à 17h30, à la fin d’une demi-journée d’échanges entre étudiant·es et professionnel·les de terrain. Participeront à la table ronde :
- Manon Schick, Directrice générale, Direction générale de l'enfance et de la jeunesse, État de Vaud
- Letizia Pizzolato, Secrétaire syndicale, SSP Vaud
- Mireille Scholder, Directrice, Fondation de Vernand, représentante de l’Association vaudoise des organisations privées pour personnes en difficulté (AVOP)
- Verena Keller, Professeure honoraire HETSL, experte en travail social
- Alessandro Pelizzari, Directeur de la HETSL
- Modération : Caroline Regamey, Présidente du Conseil professionnel de la HETSL, Responsable politique sociale et recherche, CSP Vaud