Contexte. En France, les politiques sur le vieillissement de la population se concentrent sur le maintien des personnes âgées dans leur domicile privé grâce aux soins à domicile. Cette étude a exploré le sens du « chez-soi » dans le contexte des soins aux personnes âgées vivant en résidence ou à leur domicile, et comment ce sens se construit à travers les occupations et peut être perturbé par les pratiques de soin, tant en milieu institutionnel qu'à domicile.
Méthodes. Des entretiens effectués en marchant et des observations participantes ont été réalisées avec 28 personnes âgées, 14 vivant à leur domicile et 14 en résidence. Une analyse thématique et une analyse discursive basée sur la logique modale ont été utilisées pour comprendre les expériences et les valeurs des personnes participantes liées aux occupations et aux lieux.
Résultats. Le sens de « chez-soi » est complexe et équivoque. Quel que soit leur lieu de résidence, les personnes participantes ont exprimé des avis négatifs sur les interventions du personnel de soin. Le sentiment d'être chez soi émerge à travers quatre éléments clés : 1) les pratiques associées au lieu, 2) la continuité des occupations de longue date de la personne, 3) les possibilités occupationnelles et 4) l'ancrage social de ces possibilités.
Discussion. « Se sentir chez soi » n'est pas déterminé uniquement par un domicile privé ou un cadre institutionnel ; ce sentiment émerge plutôt à travers la continuité des occupations, l'autonomie personnelle et les relations sociales. Le parallèle entre résidences et domiciles suggère que les politiques et pratiques de soin devraient être repensées pour préserver le sentiment de chez-soi des personnes âgées, en reconnaissant leurs parcours de vie individuels, en offrant de la flexibilité dans les routines et en soutenant l'engagement occupationnel. Une approche centrée sur les occupations peut ainsi enrichir les réformes existantes, en veillant à ce que les facteurs environnementaux, sociaux et personnels convergent pour maintenir et favoriser le sentiment de chez-soi à un âge avancé.
Background. In France, ageing policies focus on maintaining older adults in their private residences using home care. The present study explored the meaning of home in the context of care for older adults living in nursing homes or their own homes in France, and how the meaning of home for older adults is created by occupations and disrupted by care practices in both institutional settings and private residences.
Methods. We performed walking interviews and participant observations with 28 older adults, 14 in their own homes and 14 in nursing homes. A thematic analysis and a discursive analysis based on modal logic were used to understand participants’ experiences and values related to occupations and places.
Results. The meaning of ‘home’ is complex and equivocal. Regardless of where they lived, participants expressed negative opinions about interventions by care staff. The feeling at home emerges through four key elements: 1) practices associated with the place, 2) continuation of the person’s longstanding occupations, 3) occupational opportunities, and 4) the social anchoring of occupational opportunities.
Discussion. ‘Feeling at home’ is not determined solely by a private dwelling or an institutional setting; rather, it emerges through continuity of occupations, personal agency, and social relationships. The parallel between nursing homes and their own homes suggests that policies and care practices should be reframed to preserve older adults’ sense of home by acknowledging individual life courses, offering flexibility in routines, and supporting occupational engagement. An occupational lens can thus enrich existing reforms, ensuring that environmental, social, and personal factors converge to maintain and foster the feeling of home in later life.