Les contributions de ce numéro de « Nouvelles Questions Féministes » thématisent l’intersexualité à l’aide d’éclairages divers produits majoritairement par des personnes intersexes, en priorité des témoignages de ce qu’elles vivent et de la manière dont elles (re)construisent leur identité. Ce numéro fait le lien entre les féministes et les intersexes, après une série de rencontres entre Lausanne, Paris et l’e-space. Il pose la question de savoir ce qu’est l’intersexualité et de quelle manière les personnes concernées sont traitées en Occident. L’impératif culturel de décider une fois pour toute d’un sexe pour l’enfant est aujourd’hui encore très présent et on ne parle toujours pas d’intersexualité aux parents. L’intersexualité est pathologisée et rendue en conséquence invisible, malgré que le nombre de personnes intersexe est plus élevé qu’on ne le pense. L’intersexualité est difficile à porter car le sexe civil est considéré comme un élément fondateur de l’identité d’une personne et la plupart des gens associent encore hermaphrodisme et monstruosité. Dès lors, comment se nommer, se construire ?
Ce numéro montre que la pertinence politique et scientifique du féminisme réside dans sa capacité à lier des questions, des luttes et des communautés hétérogènes qui ont en commun une médicalisation des corps et une intrication des pathologies ainsi qu’une revendication commune à travers la dénaturalisation du sexe et des identités de genre: le droit de disposer de son corps.
Résumé : Sarah Kiani