Interview

Éthique et travail social « Amener un bout de soi dans les situations vécues »


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L’exercice du travail social est source de nombreux questionnements éthiques. Quel comportement adopter face à une situation qui demande une action de notre part ? Un ouvrage collectif rassemble des textes qui examinent les défis éthiques auxquels font face les praticiennes et les praticiens du travail social et propose des pistes pour y répondre. Rencontre avec notre collègue André Antoniadis, Professeur associé HES, qui a participé à la direction de l’ouvrage.

André Antoniadis

André Antoniadis

Comment ce livre est-il né ?

À la base, il y a une recherche menée dans le cadre de l’Association internationale pour la formation, la recherche et l’intervention sociale (AIFRIS) dont les résultats ont été présentés lors d’un symposium qui s’est tenu en 2019 à Montréal dans les locaux de l’UQAM. Les chapitres de cet ouvrage sont issus de contributions de ce symposium. L’objectif était, avec une méthodologie d’analyse en groupe, de documenter les problèmes éthiques rencontrés par les travailleuses sociales et travailleurs sociaux. 

Comment procéder sur le terrain ?

Il faut toujours avoir le souci d’intervenir de manière pertinente au bénéfice des usagères et usagers et éviter toute subjectivité. Une écoute de tous les points de vue est importante, en tenant compte des rapports sociaux qui sont forcément marqués par un différentiel de pouvoir entre les intervenant·e·s et leurs usagères et usagers. Un animateur socioculturel proposant une activité dans un EMS devra-t-il par exemple noter dans le dossier de suivi partagé avec le personnel de santé le comportement jugé discutable d’un résident, sachant que cela pourrait avoir une répercussion sur sa liberté de mouvement ou sa médication ? Les repères théoriques proposés dans notre ouvrage sont à considérer comme des aides à la décision, des garde-fous d’interprétations arbitraires. 

Et plus concrètement ?

On doit se questionner sur nos pratiques au jour le jour. Les questions arrivent, les problèmes forcément aussi. Et c’est à ce moment qu’il faut s’accorder le droit de ralentir un peu, d’amener un bout de soi dans les situations vécues, de se questionner collectivement, d’échanger. C’est là la force du groupe dans une telle pratique réflexive. Dans toute action il faut réfléchir aux valeurs qui nous animent, être en accord avec nos actes. Un sacré défi. Un métier passionnant.
 

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