Entre performance et santé : les dilemmes des jeunes footballeurs et footballeuses


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Jonathan Mbondo et Mathieu Zagarri ont remporté le prix Qualife pour leur travail de Bachelor intitulé « Jeunes footballeurs et footballeuses face au système de santé : une relation ambivalente - Exploration des défis et des dynamiques entre les jeunes athlètes de football dans leur système de formation élite et des prestations de soins à disposition »

La recherche de Jonathan Mbondo et Mathieu Zagarri évoque la problématique des jeunes apprenti·es du football qui s’engagent dans un processus de formation, où leur corps est à la fois leur outil de travail pour tendre vers la professionnalisation à court terme et un bien à entretenir à long terme. Cette tension permanente façonne leur rapport aux soins et influence leurs choix en matière de santé.

« Notre travail avait pour but de comprendre comment le non recours aux prestations de soins chez les jeunes footballeurs et footballeuses se construit. Qu’est-ce qui fait que quand ces jeunes sont blessé·es ils et elles vont ou non aller demander des soins chez le médecin, aux proches de la famille ou au club directement? » - Matthieu Zagarri, travailleur social diplômé

Les auteurs montrent que plusieurs facteurs influencent la décision de demander des soins. L’âge, d’abord : plus les jeunes sont jeunes, plus la compétitivité est forte et plus l’idée de s’absenter du terrain est perçue comme un risque. En prenant de l’âge, la conscience de l’importance de la santé s’affirme davantage. Le genre joue également un rôle central, dans un milieu marqué par un virilisme très présent. Les filles recourent par exemple plus tardivement aux soins car il faut résister à la douleur pour être validées.

« On s’est rendu compte que les footballeuses recourent beaucoup moins aux soins que les garçons, parce que forcément, elles sont dans un sport d’hommes fait par les hommes. Quand elles vont chez le médecin, en général, c’est assez tard, ce qui rend la guérison plus difficile. », Jonathan Mbondo, travailleur social diplômé

Le travail met également en lumière un enjeu souvent invisible : la question de l’insertion professionnelle lorsque le projet de carrière sportive n’aboutit pas, ce qui a particulièrement enthousiasmé le jury de la Fondation Qualife. Et pour cause : seuls 15 jeunes sur 15 000 signent un contrat professionnel. L’immense majorité doit donc se réorienter vers un autre domaine. Or, plus les jeunes renoncent aux soins durant leur formation, plus les séquelles physiques et psychiques compliquent cette transition. Les questions de santé sont centrales lorsque l’on accompagne des jeunes athlètes qui ont échoué. Améliorer le système pour le recours aux soins pendant leur formation c’est aussi garantir une meilleure transition et une insertion socio-professionnelle pour ces jeunes, car leur santé fait partie intégrante de leur bagage.

Les auteurs avancent des pistes de solution concrètes avec la mise en place d'une mesure qui intègre trois dimensions complémentaires : le travail social comme méthodologie d’accompagnement, l'exploitation des compétences acquises lors de la formation de football de haut niveau et le développement de partenariats d’insertion avec un réseau pluridisciplinaire.

Forts de ces premiers résultats, Jonathan Mbondo poursuit la réflexion dans son Travail de Master, en développant une solution d’accompagnement en collaboration avec les jeunes de Neuchâtel Xamax.

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