Synthèse atelier : Migrations

Cet atelier a été pensé comme les prémisses de la constitution d’un réseau de personnes intéressées par la thématique de la migration au sein de l’Observatoire des précarités. Dans cette optique, l’objectif central de l’atelier était que les participant·es puissent présenter les thématiques et les questionnements qui les intéressent particulièrement et, à terme, définir si des axes principaux pouvaient se dégager des discussions.

Les échanges ont rappelé d’une part, le caractère transversal de la thématique de la migration qui se retrouve dans d’autres problématiques autour de la précarité et, d’autre part, l’hétérogénéité des populations réunies parmi les personnes issues de la migration. Néanmoins, les discussions se sont principalement centrées autour de cinq groupes, à savoir les personnes sans statut de séjour valable, les requérant·es et les personnes déboutées de l’asile, les femmes, les jeunes adultes ainsi que les personnes âgées issues de la migration, tout en soulignant l’intersectionnalité pouvant exister entre ces derniers.

Animation : Oana Ciobanu et Magalie Gafner

Constats, enjeux et attentes

Logement et hébergement

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Au sujet des conditions de logement et d’hébergement tout d’abord, différentes problématiques ont été évoquées telles que les situations de mal logement auxquels peuvent être exposées les personnes dont le permis de séjour est soumis à renouvellement, en attente de décision administrative, voire absent.

Des intérêts à documenter des situations existantes mais dont les connaissances sont encore lacunaires ont été exprimées, notamment au sujet des marchands de sommeil (des intérêts similaires ont été signifié dans l’atelier logement) et des conditions d’hébergement dans les foyers d’aide d’urgence.

Système scolaire et de l’insertion sur le marché de l’emploi

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Différents aspects au sujet du système scolaire et de l’insertion sur le marché de l’emploi sont également apparus au fil des échanges.

A cet égard le rôle joué par les dispositifs d’insertion scolaire des enfants issus de la migration dans la reproduction d’inégalités a été questionné, tout comme celui des dispositifs d’insertion sur le marché de l’emploi pour les personnes plus âgées. En effet, ces derniers peuvent être entravés par des barrières (non-reconnaissance de certains diplômes, dévalorisation des compétences) conduisant à certaines formes de précarités.

Plus généralement, les participant·es ont souligné que ceci démontrait la forte injonction d’intégration incombant uniquement aux personnes migrantes et la nécessité de penser à la mise en place de mesures associant autant les personnes natives que les personnes migrantes dans de tels processus.

Les stratégies mises en œuvre pour faire face à des situations précaires par les travailleuses et travailleurs migrants arrivé·es à l’âge de la retraite en Suisse ont également été thématisées. A ce sujet, la question des relations transnationales est apparue comme un sujet d’étude important.

(Non-)recours aux prestations sociales et de santé

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Plusieurs constats sont aussi ressortis au sujet du (non-)recours aux prestations sociales et de santé dont l’accès est largement déterminé par le statut de séjour et place ainsi certains groupes de personnes migrantes face à des situations précarisantes et les expose également à des discriminations administratives.

En ce qui concerne les prestations sociales, les discussions se sont focalisées sur la problématique du recours à l’aide sociale qui est fortement entravé par le risque de non-renouvellement de permis de séjour qu’il implique.

Les difficultés d’accès aux politiques sociales et à certaines prestations (i.e. subsides à l’assurance-maladie) rencontrées par les personnes sans-papiers ont également été évoquées.

Sur le plan de la santé, les participant·es ont souligné l’accès limité à des soins de premiers recours ou d’urgence pour certaines catégories de permis de séjour, ce qui amène à des dépistages et des prises en charge tardives de certaines pathologies (notamment chroniques), ainsi que des lacunes dans l’accès à certains types de soins (soins palliatifs, médecines complémentaires, santé mentale, etc.). Ces situations amènent à un risque de péjoration de l’état de santé en général. Les participant·es ont ainsi souligné un intérêt à documenter l’état de santé des populations migrantes.

La question des ressources mobilisables pour faire face à la fin de vie en contexte migratoire a également été abordée.

Travail social

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Finalement, la thématique du travail social avec des personnes migrantes a été soulevée comme un axe de réflexion.

L’accompagnement de certaines populations migrantes (les personnes déboutées de l’asile par exemple) place ainsi les professionnel·les face à des dilemmes éthiques entre des postures de travail « intégratives » et les décisions légales d’exclusions.

De manière générale, la position intermédiaire des travailleurs·euses sociaux·ales entre les lois et règlements et les personnes migrantes est génératrice de stress et de pressions.