Etre parent dans la séparation, une institution en construction

L'impératif de « rester des parents » s'impose aux couples en divorce avec enfants, malgré des lois poussant plutôt à la séparation nette des deux ex-conjoints. Cette double injonction, paradoxale, est difficile à satisfaire pour les parents.

Cet article reprend une étude réalisée par Marianne Modak et Clothilde Palazzo (2004), sur les processus de départage de l'enfant, reposant sur des entretiens qualitatifs effectués sur treize paires de parents désunis interrogés individuellement. Deux processus sont présentés ici : le processus de coparentalité et celui de parentalité parallèle. Le premier est un modèle dans lequel chaque ex-conjoint reconnaît pleinement le statut de parent de l'autre afin de laisser à l'enfant un sentiment de continuité, dans un effort de réduction des tensions au maximum. Ce processus conduit à occulter les coûts engendrés par le travail de conciliation et à accroître les inégalités financières des deux parents. Le processus de parentalité parallèle quant à lui se fonde sur une volonté d'autonomie des ex-conjoints en les précipitant dans une comptabilité sans fin des dettes et bénéfices passés et présents. Dans ce processus de séparation radicale, les femmes considèrent comme légitime leur droit de garde, en rétribution de leur travail éducatif passé. Les pères en revanche se sentent lésés de leur droit de parent.

Même si le processus de coparentalité paraît être le plus égalitaire des deux présentés ici, tous deux sont sources de sentiments d'injustice et ne peuvent être considérés comme idéal.

Résumé : Sarah Kiani.

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Références

Modak, M. (2007). Etre parent dans la séparation, une institution en construction. In C. Burton-Jeangros, E. Widmer & C. Lalive d'Epinay (Eds.), Interactions familiales et constructions de l'intimité : Hommage à Jean Kellerhals (pp. 313-324). Paris: L'Harmattan.