Réinsertion des femmes prostituées à Genève : limites et paradoxes

Comment « sortir » de la prostitution et se « (ré)insérer » ? C’est à partir d’une démarche ethnographique (observations et entretiens) que les représentations et les pratiques effectuées au quotidien de l’insertion/intégration sont analysées dans cet article. Cette démarche a été réalisée d’une part auprès de l’association SOS Femmes (assistantes sociales, formatrices et stagiaires) et d’autre part auprès de l’Hospice général à Genève (assistantes sociales, assistants sociaux, juristes et bénéficiaires).

L’auteure souligne qu’il est nécessaire de considérer la prostitution dans la double dimension qui la fonde. Elle est à la fois un « métier  » et une « problématique  ». Ces deux éléments doivent être pensés ensemble et en tension. Par ailleurs, il est important de prendre en considération les phénomènes de dépendance qu’engendre la prostitution elle-même, ce qui permet alors de considérer les éventuels retours à l’activité de prostitution comme des « rechutes  » et pas seulement sous l’angle économique. Elles sont donc pensées et font partie du processus même d’intégration, voire d’acculturation. Il est d’ailleurs nécessaire d’instaurer ou de restaurer des formes de reconnaissance sociale pour faire face aux diverses manifestations de mépris social et de stigmatisation dont font l’objet les (ex-)prostitué-e-s (reconnaissance du « métier  », reconnaissance de la souffrance que peut générer cette activité).

Dans un premier temps, Isabelle Csupor présente le cadre légal et institutionnel réglementant la prostitution en Suisse et plus précisément à Genève, s’ensuit dans un deuxième temps une analyse qui évoque les ambitions et les limites de ce dispositif pour la réinsertion des femmes. Dans un troisième temps, c’est au tour du travail au quotidien effectué par l’association SOS Femmes d’être interrogé. Pour terminer, Isabelle Csupor conclut sur les paradoxes de ce dispositif. Ce texte propose ainsi de mettre en évidence les ambitions, les limites et les paradoxes du travail d’intégration, liés d’une part au renforcement du contrôle et des contraintes générées par l’activation et la responsabilisation individuelle dans le champ de l’aide sociale et d’autre part au fait que la réinsertion s’opère le plus souvent dans des métiers traditionnellement féminins et déqualifiés.

Résumé : Anne-Line Schminke

Auteur·e·s
Références

Csupor, I. (2011). Réinsertion des femmes prostituées à Genève : limites et paradoxes. Pensée plurielle, 27(2), 43-57.