L’aide sociale est régulièrement la cible de critiques et de remises en question. Elle est souvent considérée comme inefficace et trop chère. Afin de mieux comprendre ces critiques, trois questions qui ont toujours été au centre de cette problématique peuvent être posées : Qui doit être aidé ? Qui doit aider, l’Etat, les citoyen-ne-s, la famille ? De quelle manière ? L’aide est-elle un droit, un devoir ou constitue-t-elle une dette ?
Cet article, basé sur une étude menée dans les cantons de Genève et de Vaud et dans les villes de Zurich et de Bâle, s’intéresse à l’aide sociale et tente de donner des éléments de réponses à ces questions.
L’aide en cas d’impossibilité de subvenir à ses besoins est définie comme un droit dans la Constitution. Depuis quelques années, on assiste à l’apparition de mesures actives et de programmes auxquels les bénéficiaires sont obligés de participer, sous peine de réduction voir de perte du droit à leurs indemnités. Ce système qui fonctionne selon une logique de contre-partie, conduit pourtant rarement à une intégration professionnelle de longue durée et remet en cause le fondement de l’aide sociale, celui d’être un droit. La pauvreté est imputée à des caractéristiques personnelles, créant ainsi l’idée que chaque personne est responsable de la situation dans laquelle elle se trouve, sans prise en considération des conditions structurelles. L’aide sociale oscille entre différentes logiques qui coexistent sans s’exclure : entre aide et contrôle, tant dans une volonté de justice sociale que dans celle du maintien de l’ordre public et de normalisation de l’ordre social.
Résumé : Sarah Kiani