"Produire des enfants" aujourd'hui : un défi pour l'analyse féministe

Considérer, à l’instar des auteures de cet édito, la mise au monde et l’élevage des enfants comme une « production » déplace l’attention des aspects psychologiques au centre des discours médiatiques vers les aspects économiques. Réfléchir en ces termes et non à la « maternité » permet une alternative à l’association enfant-maternité-sphère privée qui continue de dédouaner les hommes et l’ensemble de la collectivité de cette responsabilité imposée aux femmes, permettant ainsi efficacement de maintenir leur subordination économique.

Cette production continue d’entraîner des inégalités entre les sexes, malgré que le modèle de la femme au foyer régresse et que l’implantation des femmes sur le marché du travail, où elles occupent non seulement des postes flexibles et précaires mais aussi de plus en plus des professions qualifiées, continue d’augmenter. La maternité est toujours considérée comme le marqueur premier de l’identité féminine : le droit des femmes à ne pas avoir d’enfants reste problématique alors qu’un tel choix de vie ne l’est pas pour les hommes. Les femmes sont aujourd’hui soumises à une double injonction, celle de la maternité et de la carrière et lorsqu’elles ne cumulent pas travail salarié et domestique, elles engagent d’autres femmes, souvent des pays du sud, pour s’occuper de ces tâches. En bref, qu’il s’agisse d’avoir ou non des enfants, cette production se paie toujours cher pour les femmes. Ce numéro de Nouvelles Questions Féministes propose plusieurs analyses empiriques qui documentent les contradictions actuelles de la production d’enfants.

Résumé : Sarah Kiani

Auteur·e·s
Messant-Laurent Françoise
Praz Anne-Françoise
Références

Praz, A.-F., Modak, M. & Messant, F. (2011). “Produire des enfants” aujourd'hui : un défi pour l'analyse féministe. Nouvelles Questions Féministes, 30(1), 4-10. doi:10.3917/nqf.301.0004