Narrer, rédiger et écrire : le journal dans les dossiers d'aide sociale

Les dossiers de l’aide sociale sont composés de divers documents administratifs concernant les dépenses des bénéficiaires ou leur situation de ménage mais aussi d’un journal tenu par l’assistant-e social-e (AS). Ce journal est son instrument de travail lui permettant de consigner les démarches qui ont été effectuées, les décisions qui ont été prises et l’évolution de la situation du bénéficiaire. Pourtant, celui-ci est souvent peu dense et les observations qui y sont consignées généralement peu précises, rendant sa fonction d’outil réflexif favorable à la prise de distance quelque peu vide de sens. Les auteur-e-s de cet article posent donc la question de savoir ce qui a changé dans les conditions socio-historiques de travail et dans le rapport des AS à l’écriture.

Bien que le journal souffre de la surcharge de travail à laquelle sont confrontés les AS, cela ne peut suffire à expliquer ce désintérêt pour les notes personnelles. En effet, il semblerait que ce soit plutôt la crainte que le journal soit lu par d’autres, collègues, supérieurs, historiens et même bénéficiaires qui freine les AS. Le journal, instrument servant à consigner les émotions des travailleur-se-s sociaux/ales est curieusement marqué par des formes rhétoriques empreintes de distance et de neutralité. Deux hypothèses sont avancées pour l’expliquer : premièrement, la peur des AS d’être accusés de subjectivité et d’iniquité et deuxièmement celle de la surinterprétation des données, sans percevoir apparemment que le risque serait plutôt leur sous-interprétation.

Résumé : Sarah Kiani.

Auteur·e·s
Ossipow Laurence
Références

Csupor, I., & Ossipow, L. (2007). Narrer, rédiger et écrire : le journal dans les dossiers d'aide sociale. In C. Kaufmann & W. Leimgruber (Eds.), Ce que les dossiers peuvent provoquer : processus d'intégration et d'exclusion d'un acte administratif (pp. 123-138). Zurich: Seismo.