Le « jeu libre » en crèche : une expression des rapports sociaux de sexe ?

Les crèches en Suisse romande mettent l'accent sur « l'activité autonome » (Falk : 2003) et sur le « jeu libre » dans l'idée d'un développement harmonieux de l'enfant. Dans cette optique d'intervention minimale de l'adulte, le jeu est perçu comme naturel mais aussi comme source incomparable d'apprentissage.

Cet article de Dominique Golay, repose sur des observations faites par des étudiant-e-s dans le cadre de leur stage et d'un mémoire de fins d'études. Celles-ci permettent de montrer que cette pédagogie non-interventionniste peut favoriser une reproduction des rapports de domination entre les sexes. La culture ludique enfantine imite en effet la culture dominante et en ce sens, est traversée par des rapports de pouvoir.

Bien que le « coin poupées », dont il est principalement question ici, ne soit pas dévolu aux petites filles et qu'elles ne sont pas les seules à y jouer, les garçons n'y investissent souvent pas la même symbolique. Il existe entre autres une forme d'interdiction implicite pour les garçons de simuler le maternage lorsqu'ils se trouvent entre eux. Les enfants ont, avec l'âge, tendance à se regrouper selon leur sexe. Plus particulièrement, la gestion des conflits dans le jeu est ancrée sur des stéréotypes de genre: les garçons envahissent régulièrement les espaces des filles en détruisant leurs scénarios et celles-ci se trouvent contraintes de négocier et souvent de quitter leur propre jeu. La non-intervention des adultes dans ces rapports de force inégalitaires contribue à légitimer les rapports de domination des garçons sur les filles.

Résumé : Sarah Kiani.

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Références

Golay, D. (2007). Le « jeu libre » en crèche : une expression des rapports sociaux de sexe ? In N. Coulon & G. Cresson (Eds.), La petite enfance : entre familles et crèches, entre sexe et genre (pp. 25-41). Paris: L'Harmattan.