Le changement social et la rhétorique traditionaliste : la qualification sociale de l'entrepreneuriat féminin à l'intersection des rapports sociaux, de sexe, de classe et de colonalité

Dans l’agglomération d’Agadir (Maroc), au cours des années 2000, l’entrepreneuriat féminin a été l’objet d’un discours social faisant la promotion de son développement et de ses qualités. Ce discours n’était toutefois pas un discours du progrès : hommes et femmes ne décrivaient pas les entrepreneures comme vectrices des nouvelles valeurs, mais comme garantes des valeurs morales culturelles et traditionnelles. Comment comprendre qu’une rhétorique traditionaliste contribue à légitimer l’entrepreneuriat féminin et à valoriser le changement social ? C’est à cette question qu’Hélène Martin répond dans cet article. Pour ce faire, elle met au jour l’imbrication des rapports sociaux de sexe, de classe et de colonialité.

Dans la première partie, l’auteure historicise son objet. En seconde partie, elle commente, dans le contexte étudié, comment le sexisme et le culturalisme sont articulés pour fonder un discours sur une supposée crise sociale illustrée par différentes figures d’ « hommes démissionnaires ».

Dans la troisième et dernière partie, Hélène Martin introduit le rapport de classe : les conditions de vie des entrepreneures impliquaient en effet des postures plus ou moins transgressives à l’égard de normes considérées comme culturelles, des modalités discursives de réhabilitation de leur époux et une conformité plus ou moins aisée avec la rhétorique traditionaliste.

Résumé : Anne-Line Schminke

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Références

Martin, H. (2014). Le changement social et la rhétorique traditionaliste: la qualification sociale de l'entrepreneuriat féminin à l'intersection des rapports sociaux de sexe, de classe et de colonialité. Recherches féministes, 26(2), 165-182.