La participation des enfants au débat public : une expression des dominants ?

L’installation progressive d’un dispositif participatif destiné aux habitant-e-s de la Cité se concrétise avec la participation des enfants aux décisions qui les concernent, sous la forme des conseils d’enfants modifiant par là même le champ de la citoyenneté. Cette nouvelle citoyenneté est participative, plurielle et concrète.

Cet article, fondé sur l’évaluation de la mise en œuvre de conseils d’enfants entre 9 et 12 ans dans différents lieux relevant du travail social à Lausanne, questionne la valeur de ces conseils pour les filles en terme d’accès à la parole publique, en particulier dans les quartiers populaires. Deux constats s’imposent : premièrement, les rapports sociaux de sexe en défaveur des filles sont plus marqués dans ces quartiers, et deuxièmement, les professionnels ne prennent pas en compte les effets de ces rapports sociaux sur la constitution du collectif d’enfants au nom de la liberté d’expression et du respect de l’individu. En effet, la mise en œuvre des conseils d’enfants se caractérise par un androcentrisme, traduit par l’absence de questionnement des professionnels sur les notions de participation et de citoyenneté, perçues comme neutres. Les inégalités entre enfants ne donnent donc pas lieu à une action professionnelle, car elles ne sont pas considérées comme résultant d’une injustice. Les conseils des enfants tendent ainsi à renforcer la parole des dominants, à valoriser les qualités individuelles et à légitimer les hiérarchies.

Résumé : Sarah Kiani

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Références

Malatesta, D. & Golay, D. (2010). La participation des enfants au débat public : une expression des dominants ? Nouvelles Questions Féministes, 29(2), 88-89. doi:10.3917/nqf.292.0088