Et si on jouait à la poupée... Observations dans une crèche genevoise

Cet article est basé sur des données utilisées pour l'élaboration d'un mémoire de fin d'études dans une crèche genevoise avec des enfants entre 2 ans et demi et 3 ans et demi. Le jouet, appréhendé comme « système de significations et de pratiques » (Brougère, 2003) est utilisé ici comme outil permettant une compréhension de l'influence du genre dans le jeu.

Dans les structures d'accueil de la petite enfance, les éducatrices prônent en général une diversification d'expériences pour les enfants, autrement dit une mise à disposition des jouets sans connotation de genre dans une vision de l'enfant asexuée et universaliste. Le coin poupée, composé de poupons symbolisant des nourrissons est lui aussi pensé dans cette logique, la reproduction symbolique du vécu des enfants à travers le jeu étant une constante chez les garçons tout comme chez les filles. Les observations faites à l'occasion de cette étude montrent pourtant que les éducatrices ont bien une manière de percevoir les enfants comme sexués et que ceux-ci interagissent de manière stéréotypée lors des jeux collectifs. Dans ce sens, le refus de penser les rapports des enfants comme des rapports sociaux constitués de rapports de genre et donc de forces est problématique.

D'une manière générale, le jeu reproduit les rapports de domination, les garçons entrant souvent dans ceux des filles en les détruisant ou en obligeant ces dernières à reconduire leur scénario. Dans ce sens, la non-intervention des adultes souvent observée contribue à renforcer les stéréotypes et les rapports de force basés sur le sexe.

Résumé : Sarah Kiani.

Auteur·e·s
Références

Golay, D. (2006). Et si on jouait à la poupée... Observations dans une crèche genevoise. In A. D. Novelle (Ed.), Filles-garçons, socialisation différenciée ? (pp. 85-102). Grenoble: Presses universitaires.