Histoire des crèches à Genève : 1874-1990 (7101)

Etat
Terminée
Début / Fin
01.09.2009 - 30.04.2011
Domaine(s) d'expertise
Enfance, adolescence, jeunesse
Histoire
Sources de financement
Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), Instrument d'encouragement pour la recherche orientée vers la pratique des hautes écoles spécialisées et hautes écoles pédagogiques (DORE)
Requérant·e·s
Schaerer Michèle (HETSL)
Collaboration de
Zottos Eléonore (HETSL)

Description

Résumé 

Une tendance générale se dégage de la littérature suisse et étrangère relative à l'histoire des crèches: ces institutions philanthropiques, fondées dès le milieu du 19e siècle, sont d'emblée marquées par un paradoxe. Accueillant la journée des enfants d'ouvrières contraintes de travailler hors de leur foyer, les crèches sont vues comme un "pis-aller" au regard de l'idéal que constitue l'éducation du jeune enfant par sa mère au sein de la famille. L'image négative des crèches perdure en Suisse jusqu'au milieu du 20e siècle; un tournant s'amorce dans les années 1960. Le but de la recherche consistait à examiner cette problématique et cette évolution à l'exemple du canton de Genève. La question centrale était : comment et pourquoi est-on passé à Genève, entre 1874 (fondation de la première crèche) et 1990, d'une crèche vue comme un "pis-aller" à une crèche qui commence à être perçue et reconnue comme un espace d'éducation et de socialisation bénéfique aux tout-petits ? 

Cette évolution a été étudiée à partir de différentes sources : documents émanant des ac¬teurs sur le terrain ; documents retraçant les propos des politicien-ne-s; lois et règlements; rapports d'expert-e-s mandatés par les autorités ; presse locale. 

Quelques résultats: 

Les années 1960 marquent un tournant, qui s’annonce en partie déjà dans les années '50 et se prolonge dans les décennies suivantes: élargissement de la mission initiale de garde et d'assistance vers une mission d'éducation et de socialisation et, dès les années '70, de prévention et de dépistage des troubles du développement physique et psychoaffectif; diversification progressive des publics, avec une part croissante de parents issus des classes moyennes; crèches plus uniquement au service des mères qui doivent travailler, mais aussi de celles qui veulent travailler; engagement accru de personnel formé; intervention croissante de l'État sur le plan du financement, mais aussi du contrôle des institutions, qui demeurent cependant privées. 

L’évolution des crèches est, tout au long de la période étudiée, fortement marquée par: le contexte politique, économique et démographique ; l'évolution des connaissances et des représentations relatives au dévelop¬pement du jeune enfant et à son éducation hors du cadre familial ; les débats et mutations concernant le statut de la femme (en tant que mère et en tant que travailleuse). Si l'étude était centrée sur les crèches, elle a aussi mis en évidence la perméabilité des frontières avec d'autres institutions destinées aux enfants de cette tranche d'âge telles que pouponnières, écoles enfan-tines publiques, jardins d'enfants ou garderies recevant des enfants à la demi-journée.  

Publications 

Schärer, M. E. & Zottos, E. (2011). Kinderkrippen zwischen Fürsorge, Pflege und Erziehung am Beispiel des Genfer Kinderkrippenwesens 1874 bis 1990 mit besonderer Berücksichtigung der Jahre 1960. In V. Kozon, E. Seidl & I. Walter (Hrsg.), Geschichte der Pflege – Der Blick über die Grenze (pp. 75-89). Wien: ÖGVP Verlag