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Kick it like a girl : des footballeuses engagées pour l'égalité


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Le 8, 9 et 10 février à Yaoundé, un colloque international (PDF) explorera l’engagement de jeunes femmes dans des équipes de football, dans une perspective de participation à la vie politique et sociale, et d’expérience de citoyenneté. Une participation qui ne va pas de soi et qui mérite d’être interrogée.

Au Cameroun, le football féminin se développe et occupe désormais une place significative au croisement des passions et des institutions nationales et internationales. Ce phénomène mérite d'être documenté et interrogé sur plusieurs plans. L'effervescence observée lors des compétitions nationales et internationales ne saurait occulter le regard porté par les sociétés africaines en général et la société camerounaise en particulier, sur l'engagement des femmes dans des carrières de footballeuses. 

L'expérience du football au Cameroun, permet en effet de noter que la participation, la progression et les réussites des joueuses se heurtent à des blocages. Les ressorts de ces barrières peuvent être d'une part d'ordre socio-culturel, relatifs aux rôles sociaux et à la place que les filles et les femmes revendiquent pour accéder à la pratique. D'autre part, ils peuvent être liés à la précarité économique dans laquelle se trouvent les joueuses ainsi que les staffs qui les encadrent. En dehors de la sélection nationale, force est de constater que les personnes qui se consacrent au football féminin, y compris celles qui accèdent au plus haut niveau de la compétition, s'engagent la plupart du temps sans rémunération garantie et ne peuvent compter que sur des revenus aléatoires. 

« L'expérience du football au Cameroun, permet en effet de noter que la participation, la progression et les réussites des joueuses se heurtent à des blocages. »

Le colloque de Yaoundé vise deux principaux objectifs. Il s'agit, d'une part, d'analyser les obstacles liés à la valorisation, à la création d'emplois et à la professionnalisation du « métier » du football féminin au Cameroun. La résolution de ces problèmes, pourrait permettre de stabiliser les engagements existants et de répondre aux objectifs de santé, d'égalité et d'activités physiques sportives mis en avant par les politiques publiques et les organisations internationales. Parler d'emploi, c'est, tout d'abord, reconnaître et valoriser les compétences acquises par l'expérience, et un savoir-faire effectif qui porte ses fruits. Ces expériences sociales et sportives acquises par les joueuses, les savoir-faire constitués par les staffs dans leurs activités d'encadrement sur le terrain (aux niveaux scolaire, universitaire, préprofessionnel, professionnel ou de loisirs) méritent ainsi d'être identifiés, analysés et mis en lumière. Parler d'emploi, c'est également interroger les conditions de professionnalisation et de renforcement institutionnel du football féminin, conditions qui pourraient favoriser la stabilisation des personnels et des activités d'encadrement. Enfin, parler d'emploi en lien avec la femme, revient à mener une réflexion pour que l'objectif de féminisation des métiers et la participation des femmes aux différents niveaux pratiques et décisionnels se réa­ lise de façon substantielle.

« Parler d'emploi, c'est, tout d'abord, reconnaître et valoriser les compétences acquises par l'expérience, et un savoir-faire effectif qui porte ses fruits. »

S'inscrivant dans le cadre de l'agenda 2030 pour la réalisation des Objectifs du Développement durable, le colloque permettra, d'autre part, de discuter du rôle des institutions publiques et privées, nationales, régionales et internationales, des ONG ainsi que des entreprises sponsors, engagés dans le développement du sport féminin, autant sur les plans social, économique, politique et éthique. Soulignons enfin que ce colloque est issu d'un projet de recherche intitulé « Kick it like a girl », financé par le programme R4D (Swiss Programme for Research on Global Issues for Development) du FNS (Fonds national suisse de la recherche scientifique) en association avec la DDC (Coopération suisse), la HETSL à Lausanne, l'IHEID à Genève et l'Université Catholique d'Afrique Centrale.