Le Grand angle porte sur les « épistémologies féministes situées » (aussi appelées « épistémologies du point de vue »), qui sont de plus en plus fréquemment mobilisées dans les espaces scientifiques et militants. Ses quatre articles soulignent l’intérêt de ces épistémologies pour penser et pour lutter, mais aussi les tensions qui les traversent. Il aborde ainsi le positionnement politique féministe lorsqu’il engage à dire « nous » : d’abord avec le féminisme radical des années 1960-70 aux États-Unis, qui doit prendre en considération la multiplicité des vécus des femmes (Léa Védie), ensuite dans le cas des mobilisations contre le féminicide, qui implique l’absence des victimes directes (Margot Giacinti).
Il montre également comment la théorie féministe, lorsqu’elle s’enracine dans les expériences des femmes, permet de décrire les déficits de sensations vécus par nombre d’entre elles et d’élaborer des pratiques thérapeutiques (Anaïs Choulet). Enfin, le dossier propose une typologie des « épistémologies du standpoint » qui montre la variété et la conflictualité de leurs interprétations (Delphine Frasch). Ainsi, ce numéro de Nouvelles Questions Féministes offre au lectorat des repères pour penser en féministe à partir des expériences vécues.